Louiza Hanoune est très en colère ces derniers jours. Un sujet l’irrite particulièrement : elle n’aime pas les critiques qui visent le ministre de l’Énergie, Youcef Yousfi et sa gestion du dossier du gaz de schiste.
Celle qui a brillé par son silence au début des manifestations à In Salah sort subitement de son mutisme. Elle multiplie les déclarations ces derniers jours et crie fort « au complot ».
Sur son passage, Louisa Hanoune accuse quasiment tout le monde. Les multinationales, l’opposition et même le gouvernement qu’elle a pourtant l’habitude de défendre. Selon la dernière version de Mme Hanoune, exposée sur la chaîne de télévision Ennahar, un ministre en exercice serait derrière la révolte des habitants d’In Salah. Dans quel but ? « Reprendre le secteur de l’énergie et l’intégrer dans son département ». Le ministre accusé par Louisa Hanoune est facilement identifiable. Il ne peut s’agir que de Abdeslam Bouchouareb, actuel ministre de l’Industrie et des Mines. Il est pressenti pour récupérer le portefeuille de l’Énergie lors du prochain remaniement.
Le mystère demeure, en revanche, entier sur les motivations de Louisa Hanoune. Pour qui roule la patronne du PT ? Les observateurs avertis auront remarqué le revirement dans le discours de cette responsable politique ces deux dernières années. Mme Hanoune qui, à son habitude, épargne le président Bouteflika de ses critiques et mène des campagnes féroces contre ses adversaires, d’où les interrogations sur sa dernière sortie.
Or, aujourd’hui Louisa Hanoune accuse un ministre qui est considéré comme « très proche du cercle présidentiel ». Un membre de l’Exécutif confie à TSA : « Jusqu’ici mes analyses se fondaient sur des indices plus au moins logiques. Mais pour cette sortie j’avoue que le flou est entier. Mme Hanoune a fait mieux que le FLN et le RND, le parti de Youcef Yousfi », remarque notre source.
Un autre ministre n’hésite pas à qualifier de « lâche » la sortie de Louisa Hanoune. « Elle a jeté un pavé dans la mare. Elle doit des explications aux Algériens. On veut savoir qui est ce ministre qui manipule à In Salah ? Pourquoi ? Et au profit de qui ? », précise notre source.
Louisa Hanoune défend sans relâche, l’actuel ministre de l’Énergie et détourne le débat. S’attaquer aux « ennemis » de Yousfi, c’est la stratégie adoptée par Mme Hanoune. Sa dernière cible identifiée était Djilali Sofiane, président de Jil Djadid. Pour elle, Youcef Yousfi est « un homme intègre et propre ». Or, les critiques formulées portent sur le projet du ministre notamment le gaz de schiste et non sur sa personne.
Youcef Yousfi et Sonatrach ont-ils réellement besoin d’avocat pour plaider leur cause auprès des citoyens ? Enfin, qu’espèrent-ils réellement de ses plaidoiries ? Calmer la population à In Salah ? Evidemment non. Les positions de Louiza Hanoune risquent même d’envenimer la situation, puisqu’à In Salah les manifestants crient haut et fort que leurs actions sont apolitiques.
Que fait Louisa Hanoune alors ? Paradoxalement, son parti, qui se revendique de l’opposition, se voit attribuer des rôles qui étaient jusque-là réservés aux partis du pouvoir, le FLN et le RND. Ce nouveau rôle fait du PT une autre pièce maîtresse de ce conflit non assumé mais tellement flagrant au sein du pouvoir. Seulement, il difficile de savoir au nom de qui plaide Mme Hanoune. Et quelles sont les limites de cet engagement ?
Louisa Hanoune se donne le droit absolu d’attaquer qui elle veut sans le moindre argument. Parfois de manière surprenante. Elle a par exemple accusé le MAK d’avoir été derrière l’assassinat d’Hervé Gourdel. Elle a affirmé que Djilali Sofiane a basculé dans l’opposition après avoir perdu sa villa au Club des pins. Autre accusation lancée : Ali Hadad, le président du FCE voudrait imposer une nouvelle direction à la tête de Sonatrach.
Durant la campagne électorale, elle a tiré sur Ali Benflis, l’accusant d’être une menace contre la stabilité du pays. De tout cela Louisa Hanoune n’a jamais été inquiétée.
