François Hollande n’a pas apprécié que le drapeau de son pays soit brûlé lors des manifestations contre les caricatures de Charlie Hebdo, organisées ce vendredi notamment en Algérie. Le président français veut même des sanctions. «On n’en a pas terminé avec ces comportements là et il faudra les punir», a-t-il déclaré samedi. Une réaction normale d’un chef d’Etat qui défend son pays.
Mais que font les responsables algériens face aux actes islamophobes recensés en France, depuis l’attentat contre le journal satirique ?
Pas grande chose. Le ministre des affaires religieuses Mohamed Aïssa, l’a pourtant bien avoué ce matin lors de son passage sur la Chaine III de la radio nationale : « Les conséquences de cet attentat seront très lourdes, particulièrement pour les Algériens qui sont en France». Un aveu qui fait craindre le pire. Mais sur le plan du discours officiel algérien, on est loin de la fermeté affichée ce samedi par le président français.
D’ailleurs, Mohamed Aïssa est le seul officiel algérien à avoir abordé publiquement ces actes islamophobes. Aucune condamnation, pas la moindre réaction de la part de nos responsables encore moins au sein des partis proches du pouvoir. Ces derniers ont boycotté la marche de vendredi. Et pourtant, le FLN comme le RND ou le MPA ont été les premiers à saluer la participation de Ramtane Lamamra à « la marche républicaine» de Paris.
Le Secrétaire général du RND et non moins, président du Sénat, Abdelkader Bensalah a condamné l’attentat contre Charlie Hebdo, qualifiant dans son discours le 8 janvier devant les membres du Conseil national, les journalistes de Charlie Hebdo assassinés, «de victimes de la liberté de la presse».
Que justifient alors, ce silence et cette distance prise par le pouvoir et ses relais politiques lorsqu’il s’agit d’actes commis contre des Algériens ou d’une initiative engagée par des Algériens pour dénoncer les caricatures de Charlie Hebdo ? Pourquoi empêcher une manifestation à Alger et la défendre à Paris ?
Le ministre des Affaires religieuse croit trouver la réponse : « Certains partis du mouvement islamiste ont appelé les Algériens à s’organiser sous leur égide. Nous aurions préféré que la réaction ne soit pas par la voie de la rue ». Le ministre parle de manipulation et de « tentative de récupération ». C’est peut-être aussi la rue qui fait peur au pouvoir et à ses relais.