Abdallah Zekri est président de l’Observatoire contre l’islamophobie, il revient dans cet entretien accordé à TSA, ce samedi 10 janvier, sur les attaques islamophobes commises depuis la fusillade au siège de Charlie Hebdo.
Avez-vous des chiffres sur les actes islamophobes commis depuis l’attaque contre Charlie Hebdo ?
Nous avons enregistré dix attaques contre les lieux de culte musulmans depuis l’attentat qui a ciblé Charlie Hebdo. Des coups de feu et grenades ont ciblé des mosquées. D’autres mosquées ont été incendiées et saccagées. Des tags haineux « à bas l’islam, à bas les musulmans », « les arabes assassins », entre autres, ont été transcrits sur des murs de mosquées, des têtes de porcs jetées au milieu de lieux de culte musulmans. Il y a eu, également, un musulman qui a été tabassé à Paris parce que c’était un arabe.
La situation est-elle inquiétante?
La situation est vraiment explosive. Je suis inquiet et en colère. Il y a une inquiétude chez tous les musulmans de France. Ce qui est très grave c’est que les groupes d’extrême-droite appellent, sur les réseaux sociaux, à l’assassinat des dirigeants musulmans en France et à brûler les mosquées. Il y a un amalgame énorme.
Le discours de François Hollande était clair pour dire que ce qui se passe au nom de l’islam n’a rien à voir avec l’Islam. Mais certains hommes politiques, comme Nicolas Sarkozy, utilisent la situation en leur faveur et rajoutent de l’huile sur le feu. A chaque fois qu’il y’a un problème en France ce sont les musulmans qui sont pointés du doigt.
Les autorités françaises ont-elles pris les mesures nécessaires pour contrôler la situation?
Quelques mesures ont été prises, mais elles sont insuffisantes. Nous demandons de renforcer les patrouilles autour des mosquées. La mosquée de Paris, symbole de l’islam en France, n’est pas sécurisée. La situation est tellement grave et on risque d’arriver à des dérapages si les mesures nécessaires ne sont pas prises en urgence.
Quel message adressez-vous aux Français ?
Je dis à tous les Français : il ne faut pas faire l’amalgame entre l’islam et le terrorisme. Il ne faut pas dire que les musulmans sont contre la France car les musulmans respectent les valeurs de la République. 70% des musulmans de France sont citoyens français. Il faut les respecter dans la mesure où eux aussi respectent la France.
Je m’adresse aussi aux dirigeants juifs, particulièrement au président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), qui fait l’amalgame. Nous avons toujours dénoncé les actes antisémites, nous demandons la réciprocité. Nous sommes autant victimes que les juifs, il ne faut pas qu’il y ait une politique de deux poids deux mesures.