Les déclarations de Saïd Sadi sur plusieurs personnalités historiques dont Messali Hadj ont suscité un tollé et de vives réactions. Hier soir sur TSA, où les propos de M. Sadi ont été rapportés, la fille de Messali a répliqué violemment à l’ancien chef du RCD. Ce dimanche, le Parquet d’Alger a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire contre Saïd Sadi.
Cependant, les accusations de Saïd Sadi contre Messali Hadj sont-elles nouvelles ? Pas du tout. Bien au contraire. Avant lui, d’autres personnalités ont publiquement accusé Messali Hadj d’avoir trahi la révolution. Á commencer par Saïd Abadou, secrétaire général de la toute puissante Organisation nationale des moudjahidines (ONM).
« Messali est un traître »
« Messali est un traître. Les messalistes sont des collaborateurs. Ils ont aidé l’armée coloniale à mâter le Front de libération nationale », avait-il déclaré en octobre 2011. « La guerre de Libération a été conduite uniquement par le FLN et son bras armé l’ALN. Le MNA était un appoint pour la France. Nous, nous ne reconnaissons que le FLN, rien que le FLN », avait-il ajouté. M. Abadou n’a jamais été inquiété après ses déclarations.
Pour sa part, Ouali Aït Ahmed, ancien Moudjahid et berbériste, avait qualifié Messali de « traître [versant] dans la collaboration pleine et totale avec la puissance occupante. On ne peut même pas le comparer à Pétain qui était un grand chef militaire lors de la Première Guerre mondiale, avant qu’il ne collabore avec le nazisme, lors de la capitulation française, aux premières années de la deuxième Guerre mondiale. » Lui, non plus, n’a jamais été inquiété.
L’avis des historiens
Les historiens sont plus nuancés. Pour Benjamin Stora, Messali Hadj « occupe une place considérable dans la révolution algérienne, l’égal en son temps de Bourguiba, du sultan du Maroc Mohammed V, avec cette singularité que Messali Hadj a été éliminé de la scène politique et historique algérienne. »
L’historien Mohamed Harbi, quant à lui, avait déclaré que « Le recours aux armes n’a jamais été exclu » par Messali Hadj. « Lorsque les oulémas avaient été interdits de prêcher dans les mosquées, [Messali] avait dit que nous devions défendre la liberté de prêche les armes à la main. »