C’est dans une salle de cinéma d’Akbou (Béjaïa) pleine à craquer que Saïd Sadi s’est exprimé, ce samedi 3 janvier, en tant que citoyen dans le cadre d’une série de conférences-débats programmés en Kabylie. Invité par des associations locales, l’ancien président du RCD a animé une conférence sur le thème «Devoir de résistance et exigences de développement».
Hommage
Le conférencier a rendu un vibrant hommage au grand Chahid Hocine Salhi, qu’il a qualifié de «géant (…) qui a mené un gigantesque travail de sensibilisation politique en adoptant une approche de persuasion et de conviction à destination des élites et des notables de la région de l’époque, afin de les rallier à la cause nationale».
Ce qui est pour l’orateur une rupture aux méthodes jusque-là faites d’affrontements et de sanctions de ceux qui n’épousaient pas à l’époque la cause indépendantiste.
« Reconfiguration politique inévitable »
Le conférencier a cité cet exemple pour lancer un plaidoyer en faveur «d’une démarche consensuelle des forces politiques». «Notre devoir de résistance appelle des actions organisées, structurées et méthodiques», prône-t-il. «Dans ces moments d’incertitudes, il faut retrouver les fondamentaux car, à court terme, nous allons entrer dans une zone de reconfiguration politique inévitable du pays», analyse-t-il.
« Régime divisé »
«Le régime a perdu tous les facteurs qui lui ont permis de survivre depuis 1962 : Il est divisé, la population n’a plus peur et la rente qui lui permet d’entretenir sa clientèle s’est fondue », explique-t-il. «Face à cette conjoncture, il faut retrouver les référents qui permettent de dégager une vision globale. Personne ne gagnerait s’il y avait des désordres dans le pays. Il faut gérer les débats dans la sérénité. Nous avons besoin de tolérance et de l’écoute de l’autre», conclut-il.
« Réflexe du colonisé »
Invité à donner son avis par rapport au «Manifeste pour la reconnaissance constitutionnelle d’un statut politique particulier de la Kabylie» lancé par des intellectuels et des citoyens, publié le 7 décembre dernier dans El Watan, qui a recueilli de nombreuses signatures, Saïd Sadi a salué cet appel, qualifiant le texte d’«intéressant, documenté, responsable, apaisé et qui invite à la réflexion.»
«Il faut qu’il y ait un débat pour aboutir à la meilleure formule de l’organisation politique», répond-t-il avant de préciser : «Toute organisation politico-administrative devra en principe se faire en fonction de l’histoire du pays, de sa sociologie en tenant compte du monde actuel ». «Or, déplore-t-il, le modèle algérien n’est rien d’autre qu’une version sous-développée du modèle français Jacobin», critique-t-il avant de poursuivre que «c’est le réflexe du colonisé qui a été à l’origine de l’adoption par le pouvoir du modèle actuel. Le pouvoir n’a même pas fait un effort d’adaptation de ce modèle qu’il a d’ailleurs mal copié».