Ministres, opposants et acteurs sociaux parlent de 2014 et des perspectives de 2015

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Les membres du gouvernement notent une avancée dans les réformes et considèrent l’année qui s’achève comme globalement positive alors que des acteurs sociaux évoquent un retour en arrière et la perte de certains droits. TSA a recueilli leurs réactions.

Abdelmadjid Teboune, ministre de l’Habitat, se veut rassurant et indique qu’aucun projet initié par l’Etat ne fera l’objet de blocage. « Le programme  quinquennal  qui  comporte 1,6 millions de logements est effectif à 97%. Nous avons au jour d’aujourd’hui réceptionné  321 000 unités. Nous poursuivons sur cette lancée le premier trimestre de l’année 2015 durant lequel on réceptionnera des quotas importants de logements. Le Président est affirmatif, aucun projet de logement ne sera  bloqué. L’Etat ne fera pas  marche arrière, on respectera nos engagements et on  mobilisera les moyens de notre politique. »

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Hamid Grine, ministre de la Communication : « 2014 a été le point de départ d’un projet de renouveau du secteur de la communication. » Il revient essentiellement sur la réglementation de la presse : « Nous avons travaillé à la mise en œuvre de l’arsenal législatif et réglementaire inhérent à la loi organique relative à l’information ». Dans ce domaine, le gouvernement a entrepris plusieurs actions qui ont consisté à encadrer, développer et dynamiser les médias afin de professionnaliser le secteur, selon lui. Il parle des avancées concernant les professionnels : « Dans le cadre du processus de professionnalisation de la presse, nous avons installé la commission provisoire de la carte de journaliste professionnel et installé le président de l’Autorité de l’Audiovisuel. Nous avons effectué de nombreuses visites de proximité à travers le pays pour identifier les carences, lever les obstacles et trouver les voies et moyens de développer le secteur. Nous avons approché la radio comme un instrument primordial dans la communication de proximité, dans la promotion du développement et de la culture locale, et avons entrevu de dynamiser le rôle de ce média dans la valorisation et l’exportation de l’image de notre pays, cela surtout dans les zones frontalières. »

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Abdelkader Khomri, ministre de la Jeunesse donne ses impressions sans plus de détails : « L’année a été globalement bonne pour l’Algérie selon les indicateurs socio-économiques. Sur le plan politique aussi, les choses évoluent dans le bon sens. De grands consensus se mettent en place autour de grandes questions notamment la préservation de la paix et de l’Algérie. Pour les jeunes, les choses se mettent en place ».

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Pour l’opposition et les acteurs sociaux 2014 fut l’année des occasions ratées 

Abderrezak Mokri, président du MSP : « C’est une année plein d’événements importants qui auront des conséquences importantes sur l’avenir du pays. Il s’agit notamment du quatrième mandat, de la chute du prix du pétrole et des grands scandales, les guerres internes au sein du pouvoir. Il ne faut pas oublier ce qui se passe au sud notamment à Ghardaïa. Le bilan est négatif parce que c’est l’année des grandes incertitudes. Pour 2015, on se prépare à avoir des approches politiques afin de répondre à ces incertitudes ».

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Ali Benflis, ancien chef du gouvernement et candidat aux élections présidentielles de 2014 parle d’un « rendez-vous manqué avec le changement démocratique » : « 2014 aura été l’année des rendez-vous manqués, mais aussi celles des perspectives prometteuses. Les élections présidentielles auraient pu être le temps fort de ce changement. Elles n’auront malheureusement servi qu’à la reconduction d’une vacance du pouvoir […] qu’à perpétuer l’immobilisme et la régression ». Benflis évoque des « comportements qui appartiennent à  une ère révolue » et déplore  «  les impasses politiques,  économiques et sociales ».

L’optimisme reprend, néanmoins, le dessus : « L’année 2014, n’aura pas été que cela. Elle a ouvert pour notre pays des perspectives prometteuses, je veux parler de l’alternative démocratique que porte désormais une opposition nationale unifiée. Cette alternative a maintenant un poids, elle bénéficie d’une écoute attentive de la part de nos concitoyens. Elle a incontestablement gagné en crédibilité et en adhésion. La situation de crise globale, à laquelle  notre pays est confronté ne peut plus durer indéfiniment, sans mettre en péril l’intégrité même de l’Etat national ». L’ex-candidat conclut en espérant que « l’année qui vient sera celle de la grande décantation démocratique que le peuple algérien attend ».

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Toujours dans l’opposition, Abdellah Djaballah, président du parti El Adala, pense que « l’année a été marquée incontestablement par la confrontation entre un pouvoir qui veut maintenir son règne par tous les moyens et une opposition qui aspire à une alternance démocratique ». Djaballah compte sur la Coordination nationale  pour les libertés et la transition démocratique afin de mener à bien ce projet en 2015. Il revient aussi sur la situation économique du pays : « On s’attend à une année 2015 difficile. Le pouvoir n’a plus les moyens d’acheter la paix sociale. La chute des cours de pétrole, la dévaluation du dinar obligera le gouvernement à mettre une parenthèse sur certains engagements, ce qui pourrait alimenter des troubles sociaux ».

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Bilan mitigé pour Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la  promotion et la protection  des droits de l’homme : « Sur le plan des droits de l’homme, 2014 fut une année moyenne qui n’a pas connu des décisions remarquables. A la CNCPPDH, nous ne sommes ni satisfaits ni totalement mécontents. Les autorités ont eu une démarche frileuse et pas assez efficace en ce qui concerne, entre autre, les libertés individuelles, et celles de la presse. Esperons que pour l’année 2015, la démarche sera plus audacieuse, à travers notamment la révision du code de procédure pénale en apportant des solutions à tous les excès enregistrés, notamment pour la détention provisoire. »

Farouk Ksentini

Un avis partagé par Saleh Debouz, président de la LADDH pour qui 2014 aurait pu marquer un tournant : « Nous avons laissé passer des occasions pour redresser certaines choses. Des lois dont celle des associations promulguées en 2012 sont rentrées en application au cours de cette année. On a commencé à voir leurs effets. Le pouvoir a abrogé l’état d’urgence et l’a remplacé par des lois restrictives dans tous les domaines. Nous avons perdu beaucoup de choses qu’on avait acquises après 1988 ».

Saleh Debbouz (président LADDH)

Saida Benhabilès, présidente du croissant rouge algérien regrette la situation précaire de la région après les troubles politiques de ces dernières années : « Je suis sidérée par les conséquences des calculs politiciens, économiques et sécuritaires des puissances mondiales sur la situation humanitaire dans la région. Nous sommes en train de gérer les conséquences dramatiques des guerres déclenchées en Lybie et au Mali. J’espère qu’en 2015, les responsables politiques seront plus sages, je fais référence à ceux qui ont avantagé le recours à la violence et  à l’intervention militaire pour résoudre des conflits internes. En Algérie, on peut s’estimer heureux, parce qu’il ne faut pas perdre d’esprit que notre pays fut la cible d’une campagne de déstabilisation. L’occasion pour moi de rendre hommage au peuple et aux responsables qui ont su faire face au grand séisme qui a secoué la région ».

Saida Benhabilès


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