Formation des pilotes. Air Algérie accusée de passation de marché frauduleuse

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Nouvelle affaire, encore une, à Air Algérie. Après le scandale de la saisie d’un avion à Bruxelles, la compagnie nationale est accusée d’avoir attribué un marché de formation de pilotes à une société étrangère, au mépris du Code des marchés publics et du cahier des charges de l’appel d’offres.

L’accusateur est Abdelmadjid Louai, directeur d’Aurès Aviation, une école de formation de pilotes professionnels basée à Batna. Il affirme avoir soumissionné pour un appel d’offres national et international d’Air Algérie pour la formation de 200 pilotes mais il a été « injustement écarté », pour des raisons de « vengeance personnelle ».

« J’ai été éliminé pour une affaire personnelle »

A la veille de l’organisation d’un examen de pilotage (ATPL), Abdelmadjid Louai affirme avoir été contacté par un membre de la commission d’attribution du marché, pour lui demander « un service ». Cette personne, dont il préfère taire le nom, a « exigé » l’inscription de son fils à la licence de pilote de ligne (ATPL), précise-t-il. Or, ce dernier n’avait pas les qualifications requises par la direction de l’aviation civile et ne pouvait prétendre passer l’examen en question, poursuit M. Louai dont les propos sont enregistrés.

Face au refus du directeur de l’école, le membre de la commission a décidé de « l’éliminer », renchérit-il. Pire : il n’a reçu aucune notification et aucun motif pour sa mise à l’écart, déplore notre source. « Pourtant j’ai écrit au président de la commission, au P-DG d’Air Algérie et au ministère du transport, sans succès », affirme-t-il.

Non-respect du cahier des charges et du Code des marchés publics

Le directeur d’Aurès Aviation affirme qu’Air Algérie n’a pas respecté le cahier des charges, qu’elle a elle-même établi. Elle n’aurait pas non plus suivi les procédures stipulées dans le Code des marchés publics algérien.

Après l’ouverture des plis, l’appel d’offres a été déclaré infructueux, selon notre source. Par la suite, une « consultation restreinte » a été organisée avec certains des soumissionnaires, mais Aurès Aviation en a été exclue, affirme M. Louai. Ce dernier estime qu’il aurait dû être retenu, au moins pour la consultation restreinte et aurait tout simplement dû remporter l’appel d’offres, au vu de la qualité de son offre.

Une compagnie anglaise

C’est finalement l’école d’aviation anglaise d’Oxford qui a été retenue, déplore-t-il. Il est d’autant plus incompréhensible que son offre ait été rejetée, que le Code des marchés publics prévoit la préférence nationale, affirme M. Louai. Cette préférence prévoit que les entreprises algériennes peuvent pourtant faire une offre supérieure de 25% par rapport aux concurrents étrangers. Or, son offre était inférieure de 50% à celle du concurrent retenu, selon lui. Notre interlocuteur affirme que son offre permettait même de former 50 pilotes supplémentaires en Algérie.

En ce qui concerne la qualité, le directeur de la seule école d’aviation algérienne affirme qu’il avait préparé une offre sur-mesure, offrant toutes les garanties d’une formation aux normes internationales, homologuées par la Direction de l’aviation civile algérienne. Il précise qu’il a même fait appel aux formateurs de l’école… d’Oxford pour garantir un enseignement en langue anglaise.

En parallèle, notre interlocuteur déclare que ses propres formateurs ont « largement plus d’heures de vol au compteur » que leurs homologues étrangers. De plus, M. Louai affirme qu’il a passé commande pour 9 avions neufs supplémentaires pour porter sa flottille à 15 avions et qu’il possède des simulateurs de meilleure qualité que ses concurrents étrangers en lice pour le marché, notamment Oxford.

Dans ces conditions, M.Louai a décidé de porter plainte. L’affaire est actuellement au niveau du parquet, affirme-t-il, en attendant qu’une enquête soit déclenchée.

Contacté lundi, Air Algérie a promis d’apporter des réponses, sans jamais les fournir. Ce mercredi, elle a promis de nous transmettre des documents prochainement.


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