Abdelmadjid Attar, ancien P-DG de Sonatrach : « Il faut partager le sacrifice et non plus la rente »

Abdelmadjid Attar est ancien président de Sonatrach et ex-ministre des Ressources en eau. Il revient dans l’interview accordée, ce mercredi 24 décembre, à TSA, sur les mesures annoncées hier suite à un conseil ministériel.

 Que pensez-vous des mesures prises hier par le conseil ministériel restreint convoqué par le président Bouteflika ?

Les mesures ou plutôt les orientations que j’ai lues dans le communiqué de la présidence sont trop générales pour permettre de dire si elles sont suffisantes ou appropriées. Ce qui est sûr c’est que le gouvernement affiche vraiment sa préoccupation face à l’incertitude sur l’évolution du marché pétrolier, et par conséquent les recettes futures aussi bien en 2015 que sur la période 2016-2019.

Pour l’année 2015, je pense qu’il ne fallait pas s’attendre à des modifications importantes dans la loi de finances. Mais si le marché se maintient au niveau d’aujourd’hui dans les six mois à venir, il faudra alors s’attendre à des mesures qui s’imposeront d’elles-mêmes.

A mon avis, la révision du programme quinquennal est inévitable quelles que soient les réserves actuelles, parce que les besoins de l’Algérie dépasseront de plus en plus ses ressources habituelles à moyen et long terme.

Est-ce que ce n’est pas trop tard pour prendre des décisions?

Il n’est jamais trop tard, sauf qu’à chaque fois qu’on laisse passer une occasion pour adapter sa stratégie de développement économique, on est sûr que la facture à payer sera de plus en plus difficile à soutenir.

Même si le prix du baril revient à son niveau précédent, et sachant que le salut de l’Algérie dans moins de dix ans est dans la sortie urgente des hydrocarbures, la crise actuelle est une opportunité qui ne se reproduira peut-être pas. Une occasion pour prendre des mesures de refonte totale de l’ensemble des programmes sectoriels à travers une stratégie globale et intégrée visant à développer des activités créatrices de richesses et non consommatrices de ressources.

Est-il possible de rationaliser les dépenses publiques ?

Ce qui m’étonne, c’est le fait de dire qu’il faut adapter les priorités et les coûts. Rationaliser les dépenses publiques, sans toucher aux investissements publiques du programme quinquennal. C’est rassurant pour une opinion publique et une société qui s’est habituée au tout gratuit, mais probablement un vrai casse-tête pour les gestionnaires du trésor public.

Pour moi rationaliser c’est travailler et produire plus, consommer moins, importer moins. Il faut partager le sacrifice et non plus la rente. Tout le monde est concerné : gouvernement, entreprises, et citoyens.

 


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