L’Algérie, un pays qui navigue à vue

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Tout le monde le pense. Certains osent le dire : l’Algérie va droit au mur. Depuis plusieurs mois, le pays est suspendu aux gestes de la main du président Abdelaziz Bouteflika. Un exercice auquel le chef de l’Etat est soumis devant les caméras de la télévision publique à chaque fois que les informations sur son état de santé font la Une de la presse nationale et internationale.

Mais bouger la main est-t-il suffisant pour prétendre gérer un grand pays comme l’Algérie ? Les alliés du Président le répètent : « Il n’y a pas que les mains du Président qui bougent. La tête aussi fonctionne ». Mais jusqu’à preuve du contraire, le Président est toujours malade. Aucun bulletin de santé n’est venu confirmer la fin de sa convalescence, entamée depuis son retour du Val de Grâce à la fin de l’été 2013.

Le Président ne s’adresse plus aux Algériens. Un silence qui pèse de plus en plus lourd dans un contexte morose sur tous les plans. Les messages relayés par son cercle contribuent à accentuer la confusion. Ils sont difficiles à décrypter. Résultat : le flou politique persiste huit mois après la réélection du Président pour un très discutable quatrième mandat.

Démagogie ou populisme ?

Mais plus que le flou, c’est la paralysie des institutions de l’Etat qui alimente les inquiétudes. Face à la dégringolade des cours du pétrole, le gouvernement donne l’impression qu’il ne dispose d’aucune stratégie de riposte. Les subventions qui coûtent cher au trésor public sont maintenues. Les projets inscrits dans la Loi de finance 2015 aussi. Pour Amara Benyounès, « l’Algérie n’est pas en crise ». Même si  le poumon de l’économie nationale est affecté ? Démagogie ou populisme? Ces messages,   loin de rassurer, renvoient l’image d’un pays qui vit au jour le jour. Un pays qui navigue à vue, ne sachant quelle direction prendre.

Un pays en panne

Cela nous renvoie à une autre question. Quelle prérogative pour le Premier ministre Abdelmalek Sellal ? Les appels d’offres ne sortent plus. Aucune attribution importante de marché n’a été annoncée depuis plusieurs mois. Les derniers numéros du Journal officiel sont vides. Plusieurs projets de loi importants sont bloqués,  sans qu’aucune explication ne soit donnée. C’est le cas pour le code de l’investissement très attendu aussi  bien  par les opérateurs nationaux que pour les étrangers. L’Algérie ne sait pas encore quoi faire de la règle 49/51 qui freine l’investissement étranger.

Les déclarations des responsables sont parfois contradictoires.  L’Algérie ne sait pas encore si elle veut adhérer ou non à l’OMC. Elle ne sait pas non plus quoi faire avec l’accord d’association avec l’Union européenne. Sur le plan politique la situation n’est pas meilleure. La révision de la Constitution tarde à venir laissant place aux spéculations. Le remaniement ministériel qui devait intervenir à la fin de l’été n’a toujours pas été effectué.

L’opposition très active sur le terrain, hausse le ton sans pour autant passer à l’étape décisive, dans l’espoir peut être que le changement  soit précipité à l’intérieur même du régime.


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