Kabylie : les inquiétudes de Saïd Sadi

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Saïd Sadi ne cache pas ses craintes et ses appréhensions concernant la Kabylie. Lors d’une rencontre animée ce mercredi 10 décembre à Tizi-Ouzou, le fondateur et ancien président du RCD a lancé  : « face aux perspectives de fin de règne qui s’annoncent, la Kabylie ne peut pas se permettre d’être une fois de plus victime de stigmatisation ni de servir d’alibi à une nouvelle fausse piste dans l’histoire algérienne ».

« Il faut absolument que nous nous mobilisions dans cette région avant tout », a-t-il expliqué, en ajoutant qu’il est nécessaire aujourd’hui de dire les choses « sans se laisser complexer ». Pour des raisons historiques, sociologiques et autres, « c’est ici que l’essentiel des grandes décisions qui ont engagé la formulation moderniste du pays sont apparues. Il faut les revisiter ! (…) La responsabilité est immense ! », rappelle Saïd Sadi qui précise qu’il s’agit d’un message qui « doit être entendu par les fossoyeurs d’hier qui sont aujourd’hui les tuteurs du pays ».

Mais la Kabylie est-elle vraiment menacée ? « On sait qu’à chaque fois que le système boussoufi ou occulte, qui a pris le pouvoir depuis 1957, arrive à bout de souffle, il y a rarement la décision d’appeler à un débat pour voir comment sortir le pays d’un ordre politique qui l’a ruiné. Donc il y a la provocation », répond-il. « Et là soit c’est l’ennemi extérieur, soit c’est l’ennemi intérieur et vous savez très bien que la Kabylie est généralement soumise à des provocations de divers ordres pour tromper le peuple face au péril interne. Et il y a un certain nombre de signes actuellement qui permettent de considérer que cette option de provocation de la Kabylie fait partie des hypothèses de travail du système », a-t-il expliqué. Pour lui, cette provocation peut facilement être « désamorcée », si des militants lancent des débats publics. « Le système algérien n’est efficace que lorsqu’il y a l’opacité. Dès que vous invitez au débat public, la provocation se dissout », a-t-il encore dit.

« Bouteflika n’est pas la cause mais la conséquence »

Saïd Sadi est convaincu de la nécessité de lancer ces débats pour ne pas être entraînés dans la violence. « Si vous laissez la rumeur se propager, il est très facile d’entraîner vers la violence des gens de bonne foi, pendant que le système essaie de se restructurer », a-t-il expliqué. « Si la Kabylie ne parvient pas, cette fois-ci encore, à relancer un débat, dont il faudra veiller à ce qu’il ne soit pas dévoyé, autour d’un projet démocratique, j’ai quelques raisons de penser que le pays risque une implosion chaotique », a assuré l’intervenant.

Saïd Sadi a également rappelé que le problème en Algérie est celui de tout un système et non d’un individu. « C’est malsain ce qui se passe dans la presse,  cibler les individus. On a chargé Bouteflika jusqu’à n’en plus pouvoir. Certes, il a sa responsabilité, c’est un tribaliste et il a bousillé le pays. Mais Bouteflika n’est pas la cause mais la conséquence des gens qui l’ont ramené, qui lui ont bourré les urnes », a-t-il détaillé. Avant d’ajouter : « c’est un problème de système et pas d’individus ».

 Aucune responsabilité partisane

Interrogé sur son retour à la vie politique organique, Saïd Sadi a été affirmatif : « Je ne veux exercer aucune responsabilité politique partisane ! La responsabilité organique, je ne l’exercerai plus jamais. Ce n’est pas un héritage mais une mission ! ». « Je n’ai jamais assisté à une réunion du parti depuis mon départ. Ne relayez pas cette idée malsaine, comme quoi quelqu’un qui a exercé une responsabilité politique ne la lâche plus. Il est irresponsable que ma génération impose sa tutelle à la génération suivante. Et puis, il faut savoir que gérer un parti politique comme le RCD n’est pas une sinécure ! ».


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