Opacité, subventions et règle 49/51. Ce que reproche l’Union européenne à l’Algérie  

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Flou, duplicité dans les discours, décisions unilatérales, mesures protectionnistes qui vont à l’encontre des engagements pris dans l’accord d’association signé en 2002, lenteur dans les réformes. Les reproches de l’Union européenne à l’Algérie sont nombreuses. Les deux parties ne parlent pas le même langage.

Respect des engagements

Et pourtant, comme le souligne une source diplomatique rencontrée à Bruxelles, les clauses de l’accord d’association entre l’Algérie et l’UE « sont claires». «Les autorités algériennes affirment qu’elles se trouvent parfois contraintes de prendre des mesures transitoires pour pouvoir rétablir l’économie nationale», confie un diplomate européen.

Au-delà  du fait que certaines mesures sont en contradiction avec  l’accord d’association, notre source critique la démarche de l’Algérie qui a tendance  à mettre en place des dispositions sans informer l’UE. « Du moment où il signe un accord avec l’UE, le pays est tenu normalement de le respecter. C’est un contrat qui fixe le cadre du partenariat engagé et approuvé par les deux parties », rappelle le diplomate. Mais l’Algérie ne respecte pas toujours ses engagements, affirme notre interlocuteur. Une délégation de l’UE se rendra d’ailleurs à Alger en janvier prochain pour soulever  « les questions en litige».

Le 51 /49 ne passera pas à l’OMC

«Lorsque en 2009 l’Algérie a décidé d’imposer cette règle (49/51) aux investisseurs  étrangers, les responsables algériens nous ont fait part d’une décision réduite aux secteurs stratégiques, raconte le diplomate européen. Sur le terrain  nous constatons que cet engagement a été bafoué. La règle est élargie à tous les secteurs sans exception».  Notre source est catégorique : «aucun pays au  monde ne pourra adhérer à l’OMC avec cette règle». C’est d’ailleurs  « la principale  source de bagarre entre l’Algérie et l’OMC», révèle notre interlocuteur.

Quel est l’argument fourni par l’Algérie pour justifier la généralisation de la règle 49/51 à tous les secteurs ? «L’argument est le même. Les Algériens  évoquent le besoin de planifier l’économie nationale et le management de tous les secteurs», répond notre source. Si les Européens comprennent le souci de l’Algérie de protéger sa principale source financière que sont les hydrocarbures, ils voient d’un mauvais œil le recours de 51/49 pour «les secteurs  non stratégiques ».

A Bruxelles, beaucoup pensent que l’adhésion de l’Algérie à l’OMC dérange certains intérêts à l’intérieur du pays. «Il est clair que ça n’arrange pas les affaires des 300.000 importateurs », assène notre source.

 Opacité

«Longues est compliquées». C’est ainsi que qualifie le diplomate européen « les réformes économiques engagées en Algérie. Une réalité, à en croire,  notre source, admise par les responsables algériens. «Lors de nos discussions avec les responsables algériens, ils avouent que les réformes engagées au début des années 2000 n’ont pas atteint les résultats escomptés», confie le diplomate.  Résultat, poursuit notre source, «l’Algérie se retrouve avec un système bancaire archaïque ». Dans le volet de l’investissement et malgré les potentialités du pays qui dispose de «la terre, de l’eau et de la main d’œuvre », les opérateurs étrangers ne se bousculent pas.

«Un investisseur vient pour gagner et pour le faire il est impératif d’installer un climat des affaires favorable» soutient notre source. Or, remarque-t-il « dans votre pays, pour créer une entreprise, on nous renvoie à une procédure très compliquée » qui s’applique aussi bien aux étrangers qu’aux nationaux». D’où l’intérêt pour l’Algérie d’adhérer à l’OMC : «l’adhésion de l’Algérie à cette organisation  l’obligera à engager des réformes», soutient notre source.

Coût de l’autoroute Est-Ouest

En intégrant l’OMC, l’Algérie sera obligée de respecter les règles de transparence dans l’attribution des marchés publics et cela permettra de rationaliser le coût des investissements». Notre source cite le cas de l’autoroute Est-Ouest dont le coût est passé de « 7 à 13 milliards de dollars».

Pour le diplomate européen, l’investisseur étranger viendra en Algérie quand il se sentira en sécurité. «Les autorités algériennes ont bien établi des deals avec Renault et certains pays du Golfe en offrant toutes les garanties pour s‘installer en Algérie. Il serait bien qu’elles  fassent la même chose avec les autres pays et investisseurs», explique notre interlocuteur.

Subventions et taxes

Parmi les questions qui seront débattues à Alger en janvier, l’aide apportée par l’État aux entreprises publiques. « Ce genre de subventions est interdit par l’UE », rappelle le diplomate. « Nous ne sommes pas contre les subventions pour les citoyens mais on trouve qu’il n’est pas normal de subventionner toutes les entreprises d’un ou de plusieurs secteurs», souligne-t-il. Une démarche que les autorités algériennes sont appelées à revoir. « On ne peut pas subventionner de la même manière  le riche et le pauvre » insiste-t-il. Par ailleurs l’Algérie sera saisie sur les avantages fiscaux accordés aux produits fabriqués localement ou encore à l’interdiction d’exporter certaines matières premières.


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