Tunisie : les enjeux du second tour de la présidentielle

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Les résultats officiels annoncés, ce mardi 25 novembre, par l’ISIE placent Baji Caïd Essebsi (BCE) en tête du premier tour de la présidentielle, avec 39,46% des voix. Il devance le président sortant Moncef Marzouki qui a recueilli 33,43% des suffrages exprimés.

BCE, qui partait largement favori, est finalement forcé à un deuxième tour contre son rival. C’est une forme d’échec pour le leader du parti Nidaa Tounes qui espérait remporter l’élection présidentielle dès le premier tour. Moncef Marzouki se relance, donc, dans la course.

Les Tunisiens face à un dilemme

Baji Caïd Essebsi se présente comme progressiste, laïque et démocratique. Il est aussi ancien ministre de Bourguiba et ex-président du parlement sous Ben Ali. C’est une ancienne figure du parti du Rassemblement constitutionnel démocratique de l’ancien régime déchu, chassé du pouvoir par le soulèvement populaire de 2011. Pour une partie des Tunisiens, son élection à la tête du pays serait une régression et une confiscation de la « révolution du jasmin ».

En face, Moncef Marzouki, opposant historique au RCD, s’était fait élire président par l’assemblée constituante en 2011, grâce à une alliance avec le parti islamiste Ennahda, majoritaire dans l’instance de transition. Marzouki est donc considéré comme un allier objectif du courant islamiste, bien qu’il ne soit pas le candidat d’Ennahda. Une option inacceptable pour une grande partie de la population tunisienne, qui accuse le parti islamiste d’être responsable de la situation, jugée calamiteuse, du pays et de la montée du péril jihadiste en Tunisie.

Ennahda et Hamma Hammami, faiseurs de roi ?

Dans ce contexte, Ennahda, qui n’a pas présenté de candidat et n’a donné aucune consigne de vote au premier tour, va-t-elle appeler à faire barrage à BCE, ouvertement anti-islamiste ? Malgré une défaite aux dernières élections législatives, Ennahda reste tout de même la deuxième force politique du pays. Le parti peut donc espérer jouer les arbitres lors du second tour de la présidentielle qui aura lieu le 28 décembre prochain. D’un autre côté, s’engager directement dans la bataille ferait courir le risque de s’aliéner une partie de l’électorat et mobiliser davantage les opposants d’Ennahda en faveur de BCE.

Hamma Hammami, chef du parti des travailleurs tunisiens (gauche) et « troisième homme » de cette élection présidentielle, peut également jouer un rôle déterminant lors du second tour. En dépit d’un score assez faible (7,82% des voix), Hammami peut constituer un réservoir de voix non-négligeable dans la course à la majorité. Après les assassinats de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, deux figures de l’opposition de gauche, on peut s’attendre à ce que le parti des travailleurs appelle à voter pour BCE. En effet, Ennahda avait été tenu pour responsable de ces assassinats et ces évènements avaient provoqué des manifestations contre le parti islamiste.


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