La chronique de Hafid Derradji. Symbole d’arnaque

Hafid Derradji

J’étais censé rapporter cette semaine, comme mes confrères des médias, le mépris et l’arnaque subis par le peuple algérien, à qui on cache sciemment des informations sur l’état de santé du Président transféré une nouvelle fois en France pour des soins. Le peuple est laissé pour compte, avec des nouvelles contradictoires qu’il reçoit à travers les medias français comme si cela ne le concernait pas directement. Mais, j’ai décidé de ne pas parler de ce sujet, ni aborder le kidnapping dudit président par son entourage, jusqu’à ce que celui-ci soit remis en liberté car la morale ne me permet pas de tirer sur une ambulance, ni de m’étaler sur son état de santé critique, ni de son transfert vers Grenoble ou du fait qu’il soit resté à Zeralda, encore moins de ses apparitions télévisuelles ou son absence.

Je ne vais même pas parler de l’échec politique et médiatique du cercle du Président et des institutions de l’État dans le traitement des informations contradictoires sur le lieu de présence du Président car, ce n’est pas une première. Cependant, je ne pourrais taire la nouvelle supercherie concernant l’inauguration de l’usine de production du véhicule Symbol la semaine dernière.

Cet événement donne l’illusion que l’Algérie a réalisé une grande avancée et un miracle à la fois. L’immense couverture politique et médiatique aurait peut-être dû, à mon sens, mentionner que le projet ne créait que 350 postes d’emplois, que le véhicule en question est fort simple et son prix coûteux est de 120 millions de centimes, de même qu’il n’est commercialisé qu’en Algérie, un marché qui grouille déjà de tant de véhicules de tous genres et de toutes marques internationales. L’Algérie n’avait vraiment pas besoin d’un tel projet qui, de surcroit, vient de France, dont le seul objectif était de sauver une société française ; Renault, qui comme ses compères, connait des crises multiples…

L’Algérie a besoin d’un vrai projet de société. D’un projet de système politique démocratique et non pas d’une dictature qui ne tient nullement compte de la volonté du peuple. Un peuple qui a besoin de grands projets d’investissement pour le développement des régions, notamment du Sud. De projets dans les secteurs de l’agriculture, de l’industrie, du tourisme et de la pêche pour générer de la richesse loin des hydrocarbures qui font de l’Algérie et de son peuple des rentiers qui vivent de leurs richesses sans penser à investir leurs réserves dans des projets qui pourraient être bénéfiques pour les générations futures.

Les Algériens découvriront tôt ou tard que l’entourage de Bouteflika a méprisé leur intelligence quant au traitement du dossier de la santé du Président et cela depuis 2007. Il les a également rabaissés en les laissant dans un flou total et sans même avoir ni la délicatesse ni le respect qui leur est dû pour les informer de son état ou même publier un communiqué officiel. Mais le peuple découvrira bientôt la grande supercherie qui dissimule un accord politique entre les dirigeants algériens et le gouvernement français pour affaiblir l’institution militaire, briser les institutions de l’État et détruire toute bonne volonté aspirant au changement et visant à se débarrasser de la dépendance et de la tutelle française qui veut déterminer le destin de l’Algérie post-Bouteflika afin de préserver ses acquis et ses intérêts.

Les Algériens ne tarderont pas à découvrir que la production de la Symbol et le transfert du Président à Grenoble portent encore l’indication explicite que la finalité est la mise en œuvre de ce qui a été convenu au Val-de-Grâce ; celui de maintenir l’Algérie sous domination française, loin des institutions de la République, des lois et de la volonté du peuple qui sera toutefois plus forte que tous les subterfuges. Le silence en Algérie ne signifie nullement l’approbation et l’inauguration de l’usine Renault Symbol pour sauver la société française de la faillite ne couvrira pas la faillite politique d’un système qui a dépensé 800 milliards de dollars depuis 2000, mais reste incapable de produire autre chose que de la médiocrité et des ratés.

Alors, pour la énième fois, nous vous sommons de partir car, l’Algérie est plus grande que vous. L’Algérie ne s’écroulera pas après votre départ, mais continuera à s’effondrer tant que vous vous y agrippez, tout en étant fier d’avoir inauguré une usine française de production de véhicules. Tant que vous persistez à garder en otage le Président et les institutions de la République. Tant que vous continuez à mettre en jeu l’avenir d’une nation pour assouvir vos désirs de pouvoir et cela malgré vos échecs, vos défaites et votre haine pour tout homme.

derradjih@gmail.com


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