Le FLN, nouveau baromètre des tensions au sommet de l’État

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Samedi, au terme d’une réunion avec les Mouhafedhs, présidée par le secrétaire général du FLN Amar Saâdani, une déclaration sous la forme d’une motion de soutien au parton du parti a été lue par le Mouhafedhs de Tlemcen. Le choix du Mouhafedh de cette wilaya de l’Ouest est loin d’être un simple fait du hasard. La cible n’est autre que Tayeb Louh, ministre de la Justice et membre du Comité central du FLN. « Hier Tayeb Louh a eu la preuve que ses manœuvres ne le mèneront nulle part. Il est discrédité, il ne contrôle même pas son fief, Tlemcen », résume un membre de la direction du FLN.

Dans les coulisses, le bras de fer entre le patron du FLN et le ministre de la Justice a commencé depuis deux mois. Louh, qui a était l’un des rares ministres à soutenir la candidature de Amar Saâdani à la tête du Secrétariat  général du parti le 29 août 2013, change de camp et décide de rejoindre les contestataires. « Ils ( Louh et les contestataires, NDLR ) se rencontrent  quasi-quotidiennement dans une villa louée à quelques encablures du ministère de la Justice à El Biar », précise notre source. L’objectif est, bien évidemment, la destitution de Saâdani. « Une personnalité influente a fait croire à Tayeb Louh qu’il pourrait succéder à Saâdani s’il menait sa mission à terme », poursuit notre interlocuteur.

Exclu par Benflis en 2002

Louh, qui s’est contenté jusque-là de jouer les rôles secondaires dans le parti, s’engage. Il est ambitieux. « Il veut le poste de Secrétaire général. Ce qui est quasiment impossible pour lui », explique notre source. La raison ? « Louh est méconnu par la base. Il a été éjecté du FLN en 2002 par Ali Benflis ». Mais plus important que ça, « Louh, poursuit notre source, a été contrarié par la présidence ». « Sachant pertinemment qu’il ne peut pas mobiliser autour de lui surtout à l’intérieur du pays, le ministre a tenté d’avoir le soutien de la présidence. Il ne l’a jamais obtenu ».

La machine FLN au cœur des convoitises

Cette guerre non déclarée entre Louh et Saâdani soulève néanmoins quelques interrogations. Qu’est-ce qui a pu motiver réellement le ministre de la Justice, réputé proche du président Bouteflika, à déclencher des hostilités à un autre proche de Bouteflika ? Pourquoi tente-t-il  de perturber le parti dans un contexte d’incertitude sur la santé du Président, qui pèse de plus en plus sur l’échiquier politique ? Enfin, Louh a-t-il changé de clan ?

Une chose est sûre : cette nouvelle tension au FLN confirme le malaise au sommet de l’État. Le black-out total sur la santé  du Président « a renforcé les doutes sur sa capacité à terminer le mandat au sein même de son camp », admet notre interlocuteur.

Au FLN, on pense que la bataille « sera rude et féroce  entre les adversaires avant le prochain congrès. Certains veulent précipiter le départ du président Bouteflika. C’est ce qu’ils ont fait avec Liamine Zeroual et avant  lui avec Chadli et Ali  Kafi », soutient  notre source. Selon leur plan, « le Président  doit  partir mais, eux, ils restent. » Dans cette bataille, « la machine FLN  devient  la source de toutes les convoitises », conclut notre source.


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