Lyes Salem, réalisateur du film El Wahrani (L’Oranais) : « On conteste le film sur des détails un peu idiots »

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Lyes Salem est le réalisateur et l’acteur principal du film El Wahrani (L’Oranais). Dans cet entretien, il revient sur la polémique suscitée par son film.

Que s’est-il passé vendredi lors de la projection du film en avant-première à Oran ?

La projection était mouvementée. La majorité de la salle regardait le film et avait envie d’aller jusqu’au bout tandis qu’une petite partie voulait perturber la projection. Mais au fond, c’était une très belle projection qui n’a laissé personne indifférent et le film semblait mettre le doigt là où ça faisait mal pour certains.

Avec l’Oranais, vous êtes notamment accusé d’avoir donné une mauvaise image du moudjahid ?

Je ne donne pas d’image de moudjahid. Dans l’Oranais, je raconte l’histoire d’un groupe de personnes, des êtres humains avec plein de contradictions. Si cela heurte la sensibilité de certains qui préfèrent garder une image réconfortante ou rassurante d’un certain type de personnes, j’en suis désolé pour eux. Mais ce n’est pas ma façon de voir les choses. Ils ont la télévision algérienne et la série de Hadj Lakhdar pour se conforter. Qu’ils me laissent présenter les personnages tels que j’ai envie de le faire. Et c’est une fiction.

Que contestent-ils dans le film ?

On conteste le film sur des détails un peu idiots. La consommation d’alcool par exemple. Concernant ce sujet, plusieurs journalistes leur ont rappelé qu’après l’indépendance, ce sont les anciens combattants, les moudjahidine,  qui ont eu les licences d’alcools. Je pense qu’on est dans une hypocrisie absolue. Ceux qui contestent sont dans leur rôle. Je pense que le reste de la société algérienne, la majorité, est consciente que la vie n’est pas en noir et blanc et qu’elle est plus complexe.

Que pensez-vous de cette polémique finalement ?

Je n’en pense pas grand-chose et je n’ai pas très envie de la commenter. Le film a été présenté à toutes les commissions qui sont sur le parcours de la production et de la diffusion d’un film. Et vu ces réactions, j’ai presque envie de rendre hommage aux membres de ces commissions qui n’ont pas cherché à censurer le film d’une manière ou d’une autre. Ils ont ouvert une voie à la liberté d’expression artistique qui est importante et qu’il faut maintenant préserver même si ça met des gens en colère.

Liez-vous cette polémique aux propos tenus par Cheikh Chemsdine concernant le film ?

Je pense qu’il est dans son rôle autant que moi je suis dans le mien. Et il est évident que si c’est lié à ce qu’il a pu dire, c’est au reste de la société civile qui n’abonde pas dans ce sens, de refuser cet état de fait. Car il ne s’agit pas seulement de mon film. Il s’agit des autres films à venir et de la liberté d’expression artistique. En fait, il s’agit de refuser qu’un type, sur une chaîne de télévision, puisse décider de ce que l’art peut proposer au public algérien.

Avez-vous des appréhensions quant à la projection prévue fin novembre de votre film dans les salles de cinéma en Algérie?

Non je n’ai aucune appréhension particulière. J’ai hâte d’y être !

 


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