La chronique de Hafid Derradji : « Rani (je me sens) beaucoup mieux »

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Les images du président Abdelaziz Bouteflika accueillant le diplomate algérien Lakhdar Brahimi pour la troisième fois en trois mois, se sont transformées la semaine dernière en un événement salué par certains médias qui l’ont décrit comme une information urgente et importante, peut-être exceptionnelle même en soi et nie, selon ces mêmes médias toutes les rumeurs colportées depuis des jours !! Pour ce qui est du brin de voix et de la phrase prononcée en deux langues par le Président qui disait se sentir nettement mieux, cela a suscité moult commentaires, car celui-ci confirmait qu’il était bien malade et que son état s’améliorait. Il voulait ainsi, à travers cette audience, démentir les rumeurs qui bruissaient dernièrement concernant sa capacité à bouger, à s’exprimer et à effectuer sa mission après une longue absence !!

Il est extrêmement dangereux pour la Nation et l’État qu’un tel scénario malheureux perdure, car celui-ci présage des conséquences désastreuses, d’autant plus que le Président élu par le peuple est devenu l’otage d’un groupe qui a fait main basse sur le pouvoir et verrouille tous ses instruments et ses prérogatives. Ce même groupe entend poursuivre en Algérie ce même mode de gouvernance en l’absence de tout contrôle alors que tous les indicateurs pointent vers les niveaux les plus bas dans divers secteurs et on voit la morale et les valeurs partir en vrille. La culture de la haine et de l’exclusion a pris le dessus, au détriment de la culture de l’État, au point où parler en Algérie de la santé du Président est plus répandu que de parler de l’avenir, des programmes, des projets ou des idées.

Les Algériens s’attendaient à voir leur Président faire la prière de l’Aïd même sur une chaise roulante comme il l’a déjà fait pour l’anniversaire de l’indépendance où il s’est recueilli au monument des martyrs. Ce fut également le cas lors des élections présidentielles, où il a accompli son devoir sur un fauteuil roulant. Malheureusement, ces scènes ne se sont pas répétées et l’image était sombre dans la grande mosquée en l’absence du Président et en l’absence exceptionnelle de nombreux ministres. Les observations et les questions qui s’en suivirent furent intéressantes jusqu’à atteindre le commentaire suivant : « un Président qui n’est pas en mesure d’effectuer la prière de l’Aïd sur un fauteuil roulant, ne peut pas gouverner à partir de cette même chaise » !!

Le cercle du Président a réussi encore une fois à berner le peuple à travers des images diffusées par la télévision et on ne sait toujours pas si elles sont d’actualité ou d’archives. L’annonce des nominations au sein du corps de la justice visait à donner l’impression que le Président est seul maître de la situation et seul décideur, mais ce subterfuge ne durera pas longtemps et ne réduira pas la taille des rumeurs qui circulent dans les rues de l’Algérie à tous les niveaux, car la situation a atteint son paroxysme en l’absence répétée du Président et du vide institutionnel qui n’a jamais connu son pareil dans l’histoire de l’Algérie, ce qui a conduit les proches du Président à monopoliser les postes sensibles au sein des différentes institutions clés de l’État en préparation de l’après Bouteflika!

Dans quelques jours et à l’occasion du 60e anniversaire du déclenchement de la Révolution de novembre, le Président refera surface à l’occasion de l’exposition de photos qui lui est dédiée. Ladite exposition organisée par le ministère de la Communication, sillonnera tout le territoire national à travers plus de 50 000 photos du Président pour combler le vide et dissimuler sa perpétuelle absence, au point où on ne sait plus qui gouverne et qui décide, comme on ne sait plus où est le Président qui a insisté pour rester Président sans gouvernance et sans pouvoir en raison de son handicap et de sa renonciation à la conduite des affaires de la Nation au profit de ceux qui l’entourent et qui en profitent et qu’on appelle encore une fois à libérer le Président, l’Algérie et les Algériens et à craindre Dieu avant qu’il ne soit trop tard!

Ils comprennent parfaitement l’ampleur du subterfuge qu’ils ont mis en place et qu’ils pratiquent, et savent que nous savons qu’ils se jouent du peuple et nuisent au pays à cause de leur entêtement à s’accrocher à un président qui ne peut se lever pour effectuer quelques pas et qui est dans l’incapacité à parler à son peuple et à ses invités pendant quelques minutes. Cependant, ils continuent à saboter l’avenir d’une Nation qui a payé un lourd tribut pour la liberté et la démocratie et qui n’est plus en mesure de supporter ces malversations qui impliquent son destin, bien qu’elle possède des ressources humaines, naturelles et matérielles extraordinaires qu’ aucun pays ne peut se targuer d’avoir.

Monsieur le Président : nous vous croyons quand vous dites que vous vous sentez mieux et nous l’espérons, mais vous devez nous croire quand on vous dit que la situation en Algérie empire de jour en jour à cause de votre incapacité, de votre handicap et de votre absence qui ont conduit à un vide terrible, exploité par vos proches qui visent à monopoliser le pays et l’occuper comme une propriété privée. Comme vous devez nous croire également quand on vous dit que nous avons pitié de vous chaque fois que nous vous voyons ou écoutons et on est tristes pour cette Algérie qui nuit tant à son Président de cette manière!


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