Nazim Zouioueche, ancien P-DG de Sonatrach : « Un baril de pétrole à 80 dollars est dangereux pour l’Algérie »

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Expert en énergie, Nazim Zouioueche a été également P-DG du groupe Sonatrach entre 1995 et 1997.

Le prix du baril de pétrole est en baisse sur les marchés. Pensez-vous qu’il va repartir à la hausse dans les prochains mois ?

Cela fait près de deux mois que nous sommes sur une tendance baissière. Le prix du pétrole est descendu de 110 à 90 dollars le baril, soit une baisse de 20%. Évidemment, le prix du pétrole obéit à la loi de l’offre et de la demande. L’Opep a décidé de maintenir sa production et la crise économique continue. Résultat : la demande se contracte. Surtout que même la Chine subit un ralentissement de sa croissance. Donc rien ne laisse présager une éventuelle augmentation du prix du pétrole. Au contraire, tous les indicateurs annoncent que cette baisse va continuer.

Quelles seront les conséquences sur l’économie algérienne ?

Selon le FMI, le prix le plus bas du pétrole que l’Algérie pourrait supporter (vu ses dépenses) est de 120 dollars le baril. Aujourd’hui, le prix du pétrole, qui est à 90 dollars le baril, rend la situation très préoccupante et très dangereuse. Et, je pense que si le prix continue à descendre pour atteindre les 80 dollars, ce sera une crise majeure pour l’Algérie si on continue à dépenser comme on le fait aujourd’hui. Cela étant dit, la Loi de finances pour 2015 ne semble pas montrer que nous allons changer notre cadence de dépenses. Les importations continuent à augmenter. En plus, le Fond de régulation des recettes est tombé en dessous de 5 000 milliards de dinars. Dans les prévisions de la Loi de finances 2014, il devrait atteindre 7 000 milliards de dinars en 2015.

Cette baisse du prix coïncide avec une baisse de la production d’hydrocarbures…

La baisse de la production n’est pas nouvelle. Elle date de près de deux ans. Et dans l’immédiat, rien ne semble montrer que cette baisse va être stoppée.

Quelles sont les mesures urgentes à prendre pour compenser cette baisse ?

Il faut nécessairement réduire les importations, qui ne font qu’augmenter selon les statistiques et investir dans les entreprises publiques ou privées qui créent de la plus-value.


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