Xavier Cazard est Directeur associé de l’Agence française de conseil en communication, Entrecom, spécialisée en communication digitale. Il est également le coauteur d’un livre intitulé « La conversation ».
Comment naît et se propage une rumeur sur les réseaux sociaux ?
Avec les réseaux sociaux on assiste à un mouvement de démocratisation de l’information. Avec ces réseaux et les téléphones mobiles, chacun devient un média. Donc, chacun a pris l’habitude de produire de l’information et de la commenter.
Ensuite, les rumeurs sont toujours des informations qui concernent une actualité qui touche un sujet auquel on a envie d’y croire et qui a un poids d’attraction. Elle peut être visuelle, un texte, une vidéo, etc. Elles naissent soit de manière spontanée soit de manière volontaire pour nuire à quelqu’un ou mener une campagne de communication en détournant une actualité.
Quelles sont les rumeurs qui circulent plus que d’autres ?
Tout dépend du sujet. Une rumeur qui concerne une personne peu connue ne va intéresser que quelques personnes. Une rumeur qui concerne une personne connue a plus de chance d’être reprise et diffusée. Plus elle est universelle plus elle a une chance de se propager et si l’information est étonnante, elle circule mieux.
Quel est le but des rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux ?
Il y a ceux qui lancent des rumeurs parce qu’ils veulent maintenir un lien avec leurs amis, donc là c’est un lien social, il n’y a pas une volonté de nuire. Et, puis il y a des gens dont le métier va être de manipuler une information et d’utiliser les réseaux sociaux pour faire passer une information fausse ou tendancieuse.
Comment peut-on faire la différence entre une rumeur et une information sur les réseaux sociaux ?
En général, le journaliste peut savoir que l’information est juste quand il vérifie la source. Le problème des rumeurs c’est que vous n’avez pas la source. Si vous n’avez pas la source de l’information vous devez vous méfier. Il y a des sites internet qui se sont donnés comme spécialité de vérifier si l’information est vraie ou fausse. Ce n’est pas simple parce que même pour un journaliste ce n’est pas évident de vérifier.
Est-ce qu’il est possible de remonter à la source de la rumeur ?
C’est très difficile. Si c’est un particulier c’est facile de remonter à sa source mais si c’est quelqu’un qui a une volonté de nuire, il essayera de tout faire pour dissimuler la source. Parfois, des systèmes sont plus sophistiqués, il y a des cabinets dont le métier est de faire en sorte que la rumeur ne soit pas propagée sur les réseaux sociaux mais plutôt d’influencer des journalistes pour que se soient eux qui la propagent. Il y a des stratégies de communication qui vont dans ce sens-là.
Quel est l’objectif de ceux qui lancent souvent des rumeurs sur la mort du président Bouteflika ?
Cela peut être de créer une instabilité politique. Il y a une volonté de nuire qui est évidente. Elle s’appuie sur des choses qui peuvent être possibles. La rumeur porte toujours sur une information qu’on ne peut pas vérifier mais qui peut être crédible d’une manière ou d’une autre.
La rumeur sur sa mort est donc orchestrée ?
Quelqu’un peut la lancer spontanément, d’autres vont la relayer et d’autres encore vont avoir intérêt à la relayer encore. Dans ce dernier cas elle ne devient plus spontanée.
