Belaïz, Benyounès, Ghoul et les Algériens

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Il n’y a pas si longtemps encore, il y avait un État en Algérie. Aujourd’hui il y a des chefs de tribus qui règnent sur leur petite Algérie, ce qui suffit à leur bonheur, mais révèle leur absence de vision et de projet pour l’ensemble des Algériens.

En moins de 48 heures, trois ministres ont, par leurs déclarations, révélé leur méconnaissance du pays et de la société dans laquelle ils vivent. Commençons par le ministre de l’Intérieur, Tayeb Belaïz, apparemment très en colère à propos de l’hécatombe sur nos routes depuis le début de l’année :

« Nous avons dépensé des milliards pour améliorer la qualité de nos routes. Nous avons durci la législation, sans pour autant arriver à diminuer les accidents (…). J’aimerais comprendre pourquoi », (…). « Je veux savoir si nos routes sont mauvaises ou si c’est plutôt la réglementation qu’il faudrait revoir ».

Peut-être faut-il faire des campagnes de sensibilisation régulière, collaborer avec les auto-écoles, envisager de faire de la pédagogie envers les enfants dès le plus jeune âge en coopération avec le ministère de l’Éducation nationale. Et peut-être, peut-être pourrait-on s’inspirer des expériences d’autres pays. Toute chose qui se pratique chez nos voisins depuis longtemps. Mais M. Belaïz ne voyage pas. Ni à l’intérieur du pays pour comprendre, ni à l’étranger pour apprendre des expériences des autres.

Le ministre du Commerce, Amara Benyounès, s’est également illustré par des propos totalement surréalistes sur les intoxications alimentaires qui font de nombreuses victimes : « J’invite les Algériens à bien choisir les endroits où se procurer leurs denrées alimentaires ».

Eh bien ! En voilà une idée Monsieur le ministre. On imagine les Algériens, n’écoutant que leur estomac, se précipiter dans des supérettes envahies par les cafards, ou se jeter sur des sacs de semoule dévorés par les charançons. Quel mépris pour ses compatriotes.

Enfin le ministre des Transports, lui aussi familier des bourdes politiques, vient de livrer devant le Sénat des propos qui feraient les délices de la presse satyrique.  S’exprimant devant le Conseil de la Nation, il estime : « Soyons francs, les Algériens veulent à la fois voyager gratuitement et avoir un service de luxe au niveau des aéroports. Cela n’est pas possible ».

On est consterné par de telles déclarations, là encore quel mépris. Aucune de nos trois éminences ne s’interroge sur sa responsabilité en tant que membre du gouvernement. Aucun d’entre eux ne formule de propositions. Aucun d’entre eux ne se souvient qu’il incarne l’État, qu’il est le garant du bon fonctionnement des services publics, de la sécurité des citoyens ou de la santé publique.

Il n’y a pas si longtemps encore, on faisait de la politique en Algérie même si l’État est autoritaire. Aujourd’hui, le personnel politique est totalement décrédibilisé aux yeux des Algériens. Aujourd’hui l’État est paralysé. Reste l’autoritarisme !


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