L’assassinat d’Hervé Gourdel accentue la vague d’islamophobie en France

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Après l’assassinat du touriste français Hervé Gourdel en Algérie par Jund-El-Khalifa du groupe terroriste Daech, les Algériens qui vivent en France s’inquiètent de la vague d’islamophobie qui ne cesse de s’accroître.

Salim, âgé de 26 ans, est étudiant en Master I dans la ville de Strasbourg. Il explique que l’exécution d’Hervé Gourdel en Algérie a soulevé beaucoup de questions dans son entourage. « J’ai des voisins qui se sont mis à me poser beaucoup de questions bizarres », témoigne-t-il. « Ils me demandent est-ce que je suis prêt à rejoindre un jour Daech, ou bien en tant qu’Algérien, est-ce que je soutiens leur action ? ». Le jeune homme explique qu’il a ressenti l’islamophobie dès son arrivée en France, mais qu’avec cet acte terroriste les choses se compliquent. « Ça se passe bien à l’université, mais au travail un peu moins », dit-il. « Je travaille dans un supermarché, et ce n’est pas toujours facile de faire face à certains regards agressifs ou remarques blessantes », dit-il. « Je réponds à chaque fois et j’essaie d’expliquer que musulman ne veut pas dire terroriste », ajoute-t-il.

Hamida est étudiante en master 2 à Paris. La jeune fille a décidé de porter le voile, un an après son arrivée en France. « C’était plus facile quand j’étais non voilée », nous dit-elle. Selon la jeune fille, « le voile peut être un réel handicap en France ». « Depuis l’assassinat de Pierre Gourdel, les choses se sont compliquées. J’ai été insultée à plusieurs reprises », regrette-t-elle. La jeune fille nous raconte une anecdote « La semaine dernière alors que j’étais assise tranquillement sur un banc, un groupe de jeunes âgés maximum de 17 ans m’ont traitée de tous les noms, ils m’ont dit qu’ils ne voulaient pas de terroristes comme moi chez eux », témoigne-t-elle choquée.

« Une situation inquiétante »

Selon le rapport de la commission nationale consultative des droits de l’Homme, l’image des musulmans ne cesse de se dégrader en France, depuis cinq ans, et les actes islamophobes augmentent de plus de 10% chaque année.

Cette situation est inquiétante, selon Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme en France (LDH). « Nous sommes dans une situation inquiétante, mais heureusement que nous ne sommes pas encore arrivés à des agressions sur les lieux publics », explique-t-il.

Tartakowsky, explique que l’exécution d’Hervé Gourdel a généré une vague d’émotions et d’indignation. « Je ne suis pas certain que l’exécution du touriste français en Algérie ait  engendré une vague d’islamophobie », estime-t-il. Le président de la LDH note que « l’islamophobie anti-Maghrébins existe depuis des années en France et se développe ». « Il y a même eu des tentatives pour accentuer le racisme », affirme notre interlocuteur. Il  donne comme exemple le sondage du journal Le Figaro qui, au lendemain de la mort de l’otage français Hervé Gourdel en Algérie, a demandé aux internautes s’ils estimaient « suffisante la condamnation des musulmans de France » de cet assassinat commis par Jund-El-Khalifah. Devant la levée de boucliers, le journal a retiré le sondage quelques heures après.


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