Soummam, le leader du yaourt qui n’a pas fini sa croissance

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Au troisième étage des bureaux du siège social de la Soummam à Akbou, le bureau de Lounis Hamitouche ressemble à l’image que l’on s’en est fait : calme, vaste, bien meublé. Un vrai bureau de patron. Assis face à lui, le débit de parole rapide, le patron de la laiterie n’a pas une seconde à perdre. C’est sa marque de fabrique. Un ton rapide est tranchant qui a fait de lui un homme d’affaires confiant dans la négociation.

Il faut dire qu’il a eu le temps de parfaire ce style. Car ce natif de la région est à son compte depuis l’âge de 23 ans… Parti à la conquête d’Alger avec 50 dinars en poche comme le raconte la légende, il livre des marchandises entre Alger et Tamanrasset. Mais quelques années plus tard, il décide de changer d’air.

Il se lance alors par hasard dans le yaourt en 1993 avec 20 ouvriers. À l’époque, il produit 20 000 pots par jour. Vingt ans plus tard, il est à la tête d’un empire qui a englouti 46% des parts de marché du yaourt en Algérie avec une production de 8 millions de pots par jour. Le chiffre d’affaire de l’entreprise est vertigineux : 38 milliards de dinars en 2013, en hausse de… 15% par rapport à l’année dernière.

Cette énorme hausse s’explique par une récente expansion du groupe. Un second site vient d’être inauguré à Akbou. Et le potentiel de développement est encore énorme. La nouvelle entreprise ne fonctionne qu’à 50% de ses capacités pour le moment.

Le nerfs de la guerre pour cette entreprise : la production de lait. La laiterie en produit 600 000 litres par jour. Toute la partie production se fait hors de ses murs. Lounis Hamitouche a monté des partenariats aux quatre coins du pays. Le groupe a distribué 8 900 vaches à des éleveurs. Ces vaches produisent 50% du lait cru que l’on retrouvera dans les pots, le reste étant composé de lait en poudre importé. « Nous souhaitons d’ailleurs arrêter d’en importer d’ici 2018 », avance au détour de la conversation le patron de Soummam.

Le deal est simple avec les producteurs : « Donnez-nous 25% du lait produit par la vache pendant 5 ans, et ensuite elle est à vous ». Et cela fonctionne très bien. La laiterie reçoit jusqu’à 800 000 litres de lait chaque jour grâce aux navettes de plus de 200 camions. Selon nos confrères de Jeune Afrique, l’Algérie est le seul pays où Danone est relégué à la deuxième place…

Mais derrière ce beau succès, quelques points noirs. Notamment sur le lieu d’implantation. La région d’Akbou n’est pas une panacée en matière d’infrastructures pour une entreprise de cette taille. « Depuis 2011, on demande un renforcement de la puissance de l’électricité pour le nouveau site. Mais nous n’avons rien eu », déplore Hamitouche.

Et ce n’est pas faute de les avoir rencontrés puisque les ministres se bousculent souvent dans la région pour faire de la représentation lors de l’inauguration d’une route ou d’une usine. « On en parle. On écrit. Mais on ne nous écoute pas. Cela dit, le problème vient surtout de l’application des lois. Les hommes politiques disent qu’il faut nous laisser travailler. Mais sur le terrain, on trouve trop de blocages », déplore-t-il.

Soummam fait pourtant partie des fleurons industriels en matière de production locale. Le nouveau cheval de bataille d’un gouvernement qui réalise un peu tard que le pétrole ne sera bientôt plus que de l’histoire ancienne. Un placement revendiqué par Lounis Hamitouche. « Les gens qui ont de l’argent foncent vers l’importation. Ils ne veulent pas perdre leur temps à créer une usine. Ils recherchent l’argent facile ».

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