Les patrons regrettent le manque de qualification des jeunes diplômés

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Alors que les étudiants ont repris le chemin de l’université, nombre d’entre eux sont confrontés à la même question: mon diplôme correspondra-t-il aux besoins des entreprises ? TSA a interrogé plusieurs patrons. Bilan : les formations sont souvent inadaptées à leurs vrais besoins.

Deux millions d’étudiants ont repris le chemin des facultés depuis le 7 septembre dernier. Pour certains, cette année, sera la plus importante puisqu’elle validera tout leur cursus universitaire. Mais une fois leur diplôme en poche, une épreuve plus compliquée les attendra : trouver un emploi. Car la critique du manque de qualification des jeunes diplômés revient fréquemment dans le pays. Peu formés aux métiers en tension, les chefs d’entreprises sont souvent déçus de la main-d’œuvre qui sort des facs.

Patron de NCA Rouiba, Slim Othmani regrette que le système algérien ne soit pas assez connecté aux réalités du terrain. «Aujourd’hui, nous avons de grands besoins en matière d’électromécanique. Mais les diplômés ne sont pas assez bien formés. Nous recherchons aussi des postes de manager en maintenance. Le problème c’est qu’en Algérie les gens sont formés soit en management, soit en maintenance. Donc vous avez beaucoup de mal à embaucher dans ces secteurs. »

Le numéro 1 des jus de fruits dans le pays ne peut que constater les conséquences de cette pénurie. « On doit souvent aller chercher des profils internationaux ou de la diaspora pour les postes dans la direction des ventes par exemple. Avec quelqu’un qui maîtriserait aussi bien l’outil statistique que la stratégie par région ou les tableaux de pertes et profits. Idem dans le marketing stratégique ou dans l’analyse financière. Nous n’avons pas le niveau en Algérie»

Boudjemaâ Kemiche est également déçu par le marché de l’emploi. A la tête de la maison Kemiche, (produits du terroir) fondée en 1922, et grand exportateur vers le Canada et les États-Unis notamment, il s’inquiète du manque de qualifications sur certains postes. « Il nous manque   cruellement des profils de techniciens et ingénieurs en agroalimentaire. Il y a également un vide incroyable en mécanique, sur les chaînes de conditionnement. Aujourd’hui, si on veut embaucher on est obligé d’aller débaucher dans une autre entreprise.»

Ce chef d’entreprise doit ouvrir bientôt une usine de plats cuisinés à Bouira. « J’ai besoin de 500 techniciens en agroalimentaire. Mais je n’arrive pas à en trouver. » Avec regret, il confie qu’il recrutera des ingénieurs tunisiens, grecs ou italiens, à défaut de pouvoir offrir de l’emploi aux Algériens.

Selon Boudjemaâ Kemiche, l’université a sa part de responsabilité dans ce manque de coordination. « Ils ne consultent pas les opérateurs économiques alors que c’est nous qui offrons de l’emploi. A part une fois par an, en février, lors d’un Forum à l’université de Béjaïa où participe notamment, Cevital et General Emballage, il n’y a pas d’échange.»

Chez Elafruits, une entreprise spécialisée dans la transformation des fruits pour les yaourts et les jus, le constat est le même. «Le secteur des achats n’est pas très développé dans les universités algériennes. On recrute des gens en économie, en gestion d’entreprises. Mais ils ne sont pas vraiment formés sur la négociation. Nous avons aussi des besoins en matière de maintenance des machines. Mais ce n’est pas facile de trouver des électromécaniciens», constate Wahab Oudihat, directeur industriel de l’entreprise basée à Akbou, près de Béjaïa.

 


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