C’est en présence de figures de proue de l’opposition dont Benbitour, Benflis et Hamrouche que Abdallah Djaballah a saisi l’occasion de l’ouverture des travaux de l’université d’été de son parti à El Tarf pour fustiger en des termes acerbes le pouvoir en place ainsi que sa gestion des deniers publics.
D’entrée de jeu, le chef du FJD explique que « le maintien de ce pouvoir est une calamité pour le pays à cause de la prolifération de la corruption et de la dilapidation effrénée des deniers publics et des richesses nationales. Les symboles et les icônes de ce pouvoir sont étrangers au peuple et ce, vis-à-vis de sa langue, de sa religion et de son histoire ».
Et l’orateur d’ajouter devant une assistance toute ouïe : « Le pouvoir a perdu sa légitimité et le brouhaha enclenché par les organisations et les associations de la société civile n’est qu’une tentative de blanchir son image, ce qui est un crime politique impardonnable ».
Le président du FJD estime, cependant, que « les élites et les partis politique sont dans l’obligation de prendre leurs responsabilités pour enclencher un changement démocratique. Les élites ont une responsabilité plus importante que celle du peuple et de loin ».
Abordant le rôle de l’Armée durant cette période de la vie du pays, il indique que « l’institution militaire se doit d’être neutre ». Selon lui, l’Armée doit « cesser de protéger ce pouvoir et de laisser la pratique politique prendre tout son rôle et son élan afin d’arriver à un changement démocratique ».
« Le pouvoir doit partir parce qu’il n’a pas pu réaliser le développement économique et social escompté et n’a pas pu exploiter les potentialités et richesses du pays. Il est important d’indiquer que 2,5% de la rente suffira amplement à éradiquer la pauvreté. Le pouvoir a pu se maintenir grâce à sa main mise sur la législation qui est le plus grand moyen et levier de domination des peuples », lance Djaballah.
Le chef du FJD signale, par ailleurs, que « l’ouverture de l’université d’été de son parti à d’autres sensibilités politiques, pour la première fois de son histoire, est un moyen de construire des ponts de communication et de réseaux sociaux avec les élites et ceux qui ont les mêmes objectifs pour le changement.
Benbitour : « Le changement suppose l’implosion »
Pour sa part, Ahmed Benbitour explique que « la situation actuelle du pays est délicate et le changement suppose une implosion sociale à l’image de ce qui s’est passé en Tunisie et en Égypte où le peuple est sorti dans les rues sans programme politique, ni leaders unis. L’implosion sociale s’est déjà passée dans notre pays, mais elle n’a pas pu réaliser ce qui a été fait dans les deux pays sus-indiqués et ce, à cause, justement, de l’effritement des élites et du désintéressement du peuple. L’État vit actuellement une nouvelle phase de son histoire caractérisée par la propagation des fléaux sociaux et la domination de quelques personnes sur les pôles de l’État en tant que telle, sur les partis politiques et les institutions. »
Prenant la parole à son tour, Ali Benflis s’accorde dans son analyse avec son prédécesseur en ajoutant que « le pays vit une rupture de la société avec le pouvoir. Le pouvoir a dénudé la citoyenneté de ses sens et les sensibilités politiques sont tenues de travailler et d’intensifier leurs efforts pour un changement démocratique ».
Il est à noter que la deuxième journée de cette université d’été sera emmaillée par deux conférences importantes ; à savoir « la transition démocratique par Mouloud Hamrouche » et « la législation par Abdallah Djaballah ».