La chronique de Hafid Derradji : on oublie vite…

Hafid Derradji

Dans quelques jours, la mort du joueur camerounais, Ébossé, fera partie du passé.  Nous allons vite oublier ce scandale footballistique honteux et mettre fin à la campagne de sensibilisation contre la violence dans les stades.  Ainsi le dossier sera clos, comme le furent de nombreux autres par le passé.

Nous allons revenir à notre quotidien sombre et ennuyeux car nous avons la mémoire courte et nous n’apprenons rien de nos expériences.

Nous avons tendance à oublier de plus en plus vite en raison de nos multiples préoccupations et du manque de conscience de nombreux acteurs de la vie en Algérie.

La vie humaine ne vaut plus rien dans notre pays et la mort, cette faucheuse, poursuit constamment nos enfants : dans les stades, sur les plages et les routes, et puis, il y a aussi cette multiplication de suicides et la recrudescence de la criminalité dans le milieu des jeunes.

Nous allons oublier que nous avons bâti et distribué des logements au peuple et octroyé des prêts pour des projets dans le cadre de l’Ansej afin d’occuper les gens et les faire taire.

Et face à tout ça, nous avons oublié nos obligations envers nos enfants en matière d’éducation et de formation de jeunes pour qu’ils puissent être loyaux et honnêtes envers la Nation et non envers des individus.

Nous allons oublier nos malheurs comme nous le faisons depuis  longtemps, parce que nous n’avons ni l’audace, ni le courage d’affronter la vérité. Et nous manquons d’efficacité et d’imagination pour faire face à nos préoccupations et résoudre nos problèmes quotidiens en appliquant la loi contre les criminels et les responsables des scandales de corruption et de pillage qui ont touché Sonatrach, le projet de l’Autoroute et celui du métro, ainsi que tous ceux impliqués dans le pillage de l’argent public la régression de l’économie nationale, la détérioration des secteurs de l’agriculture, de l’industrie, du tourisme, de la culture, des médias, des transports aériens, maritimes et terrestres et plein d’autres secteurs..

Nous avons la mémoire courte et nous allons oublier tout comme nous avons oublié les promesses faites par le Président depuis son arrivée au pouvoir ; celles de rétablir la sécurité, la stabilité et la dignité des Algériens et de redonner à l’Algérie sa juste place dans le monde.  Mais pas que.  Nous avons aussi oublié sa promesse de faire du quatrième mandat , une phase de transition pour construire un Etat de droit et des institutions, une phase qui servira à accompagner la nouvelle génération  pour lui remettre le flambeau et la laisser assumer ses responsabilités.

Nous allons oublier tout comme nous avons oublié que l’Algérie fonctionne par la grâce divine depuis la maladie du Président.  En effet, nous ignorons qui dirige et qui commande les  affaires du pays, un pays qui régresse et qui connaît l’arnaque au lieu du changement, un pays qui connaît le pillage et le gaspillage au grand jour, sans oublier la régression effrayante des valeurs et de la morale.

L’Algérie et les Algériens méritent mieux que cela.  La génération de Novembre mérite une sortie honorable à la hauteur de ses sacrifices. Et Bouteflika aurait pu entrer dans l’Histoire pour toujours, dans la dignité et avec honneur, si on l’avait vu sur son fauteuil roulant, remettant à son successeur, le flambeau à l’occasion de la dernière élection présidentielle, au lieu de se présenter pour briguer un quatrième mandat où il apparait sur des images télévisées truquées et insultantes pour lui et pour l’Algérie. Des images pathétiques, diffusées par la télévision algérienne le montrant fatigué alors qu’il recevait le leader tunisien du parti Ennahda, Rached Ghannouchi.

Il est bon pour l’être humain d’oublier ses préoccupations de temps en temps et de surmonter les malheurs auxquels il fait face dans la vie. C’est bien aussi d’oublier ses échecs et ses mauvais souvenirs.  Mais s’oublier et oublier ses devoirs et responsabilités politique, sociale et historique envers la Nation en raison de son incompétence,  de son ignorance et de son égoïsme est un grand échec en soi.  Notamment en ces temps où règnent la peur et la  lâcheté en raison des pratiques de certaines parties qui veulent s’approprier l’Algérie et réduire son peuple à l’esclavage.

 


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