FLN : Belkhadem écarté, les islamistes dégradés

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Abdelaziz Belkhadem sort par la petite porte. Il a été chassé à la fois du pouvoir et  de son  parti, le FLN. À moins qu’il ne décide de rallier l’opposition, la carrière politique de l’homme est mise entre parenthèse, du moins tant que le président Bouteflika est aux commandes.

Pourtant, jusqu’à son limogeage brutal le 26 août, Abdelaziz Belkhadem semblait intouchable. Celui qui incarne le courant islamo-conservateur au sein du FLN et du pouvoir a résisté à toutes les tempêtes politiques depuis la fin des années 1980. L’homme a toujours su rebondir.

En janvier 2013, il est éjecté de la tête du FLN. Mais il revient un an plus tard, à la veille de l’élection présidentielle. Bouteflika, le candidat, le nomme conseiller et le charge avec d’autres partenaires de mener sa campagne électorale, tout en n’ignorant pas, bien évidemment, les ambitions de l’ex-secrétaire général du FLN. Une promotion politique qui a servi, en fait, le candidat plus que son conseiller. Preuve en est : Belkhadem quitte la table cinq mois après plus humilié que jamais.

En évinçant Belkhadem, quelles que soient les raisons et la manière, Bouteflika vient de mettre fin à la stratégie d’alliance qui se tissait entre lui et les islamistes depuis 1999. Belkhadem consacrait un simulacre d’équilibre entre les différents courants au sein du pouvoir algérien. Un équilibre officiellement, publiquement rompu et revendiqué par le Président, ce mardi 26 août.

Première leçon de ce quatrième mandat, « la carte islamiste » n’intéresse plus le clan présidentiel. D’abord sur le plan interne, cette tendance a perdu beaucoup de son influence depuis l’ouverture politique, alors que sur le plan régional, le courant propulsé dans plusieurs pays arabes à la faveur des mobilisations populaires sombre. L’exemple le plus flagrant est celui des frères musulmans en Égypte. Bouteflika lâche l’islamo-conservateur et maintient « l’éradicateur » Ahmed  Ouyahia, en lui accordant de larges prérogatives. Est-ce le deuxième message à retenir de sa décision ? Difficile de répondre à la question dans l’immédiat.

Autre observation à signaler, après l’éviction de Belkhadem, est la position de ses soutiens au FLN. Où sont les islamo-conservateurs du Comité central ? À l’exception de Kassa Aissi, l’ex-porte-parole du parti (qui n’est pas de ce courant d’ailleurs), personne ne s’est exprimé pour critiquer la décision de Bouteflika. Le choc est double  pour Belkhadem, l’homme est lâché aussi par ses alliés au sein même des structures du FLN.

Belkhadem ne sera pas entendu par le conseil de discipline du FLN

« Je suis désolé de vous informer de ma décision concernant Abdelaziz Belkhadem ». « Vous allez savoir bientôt pourquoi j’ai pris cette décision », deux phrases lancées par le président Abdelaziz Bouteflika à ses ministres hier à l’occasion de la tenue du Conseil des ministres. Au sein de la direction du FLN, on juge « très graves » les faits reprochés par le Président à  Belkhadem. « Il (ndlr :  l’ex-SG du FLN) s’est rebellé contre le parti dont le Président n’est autre que Abdelaziz Bouteflika. Il a comploté contre la direction du parti, tenu des propos graves et diffamatoires », précise un cadre au niveau du FLN à TSA.

Selon les statuts du parti, poursuit notre interlocuteur, « Belkhadem ne sera ni convoqué, ni entendu par le conseil de discipline. Son exclusion est effective et sera prononcée prochainement par l’instance compétente du parti ». « Nous considérons que le conseil de discipline a été saisi par le Président, par le biais du communiqué diffusé hier ».

Cette saisine, précise notre source, sera suivie de sanctions immédiates. Belkhadem avait recours à cette méthode à l’époque où il dirigeait le parti. Quand la faute est grave, et il est le premier à le savoir, la sanction est exécutoire », conclut notre source.

Sur le plan organique, le Bureau  politique du FLN va se réunir la semaine prochaine. Une rencontre prévue depuis plusieurs semaines. Le cas Belkhadem sera certainement abordé, mais la réunion, souligne notre interlocuteur, sera consacrée à l’organisation du travail de la commission de préparation du congrès.


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