Décès d’Ebossé : quelle responsabilité pour le gouvernement ?

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Touché mortellement par un projectile à l’issue de la défaite de son équipe  face à l’USM Alger (1-2), Albert Ebossé, l’attaquant camerounais et  titulaire à la  JSK, est  décédé samedi 23 août sur la pelouse du stade  du 1er novembre à Tizi Ouzou.

Le sport algérien est en deuil

Le président de la FAF, la Ligue de football professionnel, le ministre de la Jeunesse et des Sports, et des footballeurs ont exprimé leur colère et leur indignation. Mais cet acte  criminel  commis dans une enceinte sportive n’en dégage pas pour autant la responsabilité des politiques.

Parlant des politiques justement, à l’exception d’une réaction tardive du  ministre de tutelle et de l’annonce de l’ouverture d’une enquête judiciaire par le  ministère de l’Intérieur, ainsi que l’appel lancé  par le ministre de la Communication, Hamid Grine, à la presse sportive, aucun autre membre du gouvernement ne s’est exprimé sur l’incident. Pourtant, le sport est d’abord une affaire politique en Algérie.

C’est, du moins, l’impression laissée par le pouvoir à Oum Dorman (Soudan) comme au Brésil. Les victoires de l’Équipe nationale ont été récupérées politiquement. Les déboires du ballon rond doivent être aussi une responsabilité du pouvoir politique.

Hier et aujourd’hui, le monde sportif crie au scandale, menace de prendre des sanctions, cherche des responsables. La police enquête sur l’identité du criminel, en omettant le fait que la première responsabilité incombe d’abord à ceux qui gèrent le sport en Algérie. Il ne s’agit pas d’accuser le gouvernement d’homicide involontaire, mais sa responsabilité morale est entièrement engagée dans cet accident qui a  coûté la vie à un talentueux et jeune joueur camerounais.

Mais ce concept ( responsabilité morale (ndlr) ) est inexistant dans le dictionnaire du gouvernement. L’ancien ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, avait conservé son poste après la mort d’une centaine de jeunes en Kabylie en 2001. Amar Ghoul, ancien ministre des Travaux publics, est maintenu au gouvernement malgré les scandales de l’autoroute Est-ouest. Chakib  Khelil, ancien ministre de l’Énergie, n’a jamais été dérangé au cœur du scandale de Sonatrach. Un appareil d’Air Algérie s’écrase et fait plus de cent de morts, dans des conditions non encore élucidées et, là encore, personne n’est responsable.

Et à chaque fois que la responsabilité morale des politiques est mise en cause par la presse, le gouvernement contre-attaque et met en avant le scénario du complot ou/et de la main étrangère. Mais à Tizi Ouzou, tous les supporters étaient algériens. Le drame de Tizi-Ouzou ; c’est une affaire « algéro-algérienne » par excellence.

Mais hélas ! La victime est étrangère. Le silence du Président qui ne rate aucune occasion pour féliciter les Verts et le sport algérien dans les moments de joie, le mutisme du Premier ministre, des partis politiques, prouvent que  les politiques n’ont pas encore saisi l’ampleur du drame qui s’est produit samedi soir à Tizi Ouzou.


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