Reportage. À Diar El Mahçoul (Alger), des familles s’entassent dans les caves et les taudis (Vidéo)

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A Diar El Mahçoul, quartier pauvre au pied du Monument des Martyrs à Alger, les habitants s’entassent dans les appartements, les caves et sur les terrasses des immeubles. Ce vendredi, ils sont sortis dans la rue réclamer violemment leur relogement. « J’habite dans cette pièce avec ma femme et mes trois petits frères. Ma baraque n’est même pas inscrite par les autorités locales pour le programme de relogement », se plaint Naïm Belabbas. À 33 ans et sans emploi, ce jeune homme habite, depuis deux ans, dans un taudis composé d’une pièce et de toilettes de fortune sur la terrasse d’un des nombreux immeubles de cette cité.

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Son grand frère habite également sur cette terrasse. Ses parents vivent dans un appartement dans le même immeuble, n° 18. « Chez mes parents, on était douze. J’ai quitté l’appartement pour éviter les problèmes », explique-t-il, pour tenter de justifier sa décision de construire son habitat de fortune sur la terrasse de l’immeuble.

Las d’attendre d’être relogés dans des appartements décents, les habitants de ce quartier ont fini par sortir dans la rue, hier vendredi. Ils ont bloqué la route et couper la circulation pour exiger leur relogement. Leurs représentants ont pu rencontrer des responsables de la wilaya qui leur ont promis de les reloger le 8 septembre. Non satisfaits, ils ont poursuivi leur protestation. L’arrivée des forces antiémeutes a transformé le quartier en champ de bataille.

« On attend le relogement depuis longtemps. On en a marre des fausses promesses ! », lance Naïm.

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À quelques différences près, les histoires des habitants de Diar El Mahçoul sont presque identiques. Salim a construit sa baraque au pied d’un immeuble. La porte d’entrée s’ouvre sur une cuvette. À côté, une deuxième porte donne sur une pièce rongée par l’humidité. Salon ou salle à manger la journée, elle sert de chambre à coucher la nuit pour le quadragénaire, sa femme et ses trois enfants dont le plus jeune a deux ans. « On vit ici depuis 1999. La fenêtre de ma cuisine donne sur une cage d’escalier », se désole sa femme. « Les enfants sont chez les grands-parents. Ils ne supportent plus de vivre ici », renchérit le mari.

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« Vers 18h30 avant l’émeute, des habitants du quartier sont partis à la daïra mais les patrons (responsables) étaient en train de nager à Moretti », ironise son frère. Pour fuir la promiscuité du domicile familial et les problèmes qu’elle engendre, les habitants ont, également, investi les caves des immeubles. Nacer, 49 ans, chauffeur de taxi, en fait partie. La porte d’entrée de sa cave lui sert également de fenêtre. « Je suis ici depuis 1991 avec ma femme et mes deux enfants dont l’un est handicapé », dit-il. « Pratiquement toutes les caves sont occupées ! », assure-t-il.

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A Diar El Mahçoul, beaucoup pensent qu’ils ne sont plus prioritaires dans le programme de relogement, suite au séisme qui a ébranlé la capitale le 1er août dernier. D’autres accusent les autorités locales de privilégier d’autres cités.


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