Sonatrach, Air Algérie… L’impossible gestion des entreprises publiques

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Un été très chaud pour les dirigeants d’entreprises publiques. Le 26 juillet dernier, le PDG de la compagnie pétrolière Sonatrach, était démis de ses fonctions. Abdelhamid Zerguine avait pris les commandes de l’entreprise, il y a seulement deux ans et demi.

Aujourd’hui, c’est au tour du patron d’Air Algérie d’être chahuté. Mohamed Salah Boultif est très critiqué pour sa gestion de la compagnie aérienne. Quelques semaines après le crash historique du 23 juillet qui a tué 116 personnes, la compagnie accuse d’énormes retards et des problèmes de management criants. Dernier en date, l’appel au secours du Syndicat des pilotes de ligne algériens (SPLA) ce jeudi 14 août. Le syndicat déplore une politique de recrutement hasardeuse et la fatigue chronique du personnel.

Mais ces dirigeants ont-ils réellement le champ libre pour agir ? Rien n’est moins sûr. Prendre la moindre décision sans prendre le risque d’être limogé ou poursuivi en justice relève de la gageure aujourd’hui. Selon une source proche de l’entreprise pétrolière, Sonatrach est complètement paralysée. « Aujourd’hui aucun dirigeant ne veut prendre de décision. Il y a des postes de responsables à pourvoir dans l’entreprise. Mais nous n’avons aucun candidat sérieux ». Résultat, Sonatrach connaît une crise sans précédent. Selon nos sources, sa production a chuté de 35% par rapport à ces dernières années.

La faute à une judiciarisation toujours plus grande. En Algérie, la prise de décision stratégique peut mener vers le tribunal. Les cadres des entreprises publiques et des administrations le savent et ne veulent prendre aucune initiative. Une situation qui se retrouve d’ailleurs dans de nombreuses autres entités publiques.

Lors du dernier Conseil des ministres, une source raconte à TSA que le président Bouteflika a rappelé à son directeur de cabinet, Ahmed Ouyahia, ses erreurs passées. Ancien ministre de la Justice, il avait, dans les années 1990, conduit des milliers de cadres d’entreprises publiques innocents en prison. Avant d’être innocentés quelques mois plus tard.

Pour éviter la paralysie, le chef de l’État a donc demandé de réduire la pression judiciaire sur les dirigeants d’entreprises. Mais cette demande tient de l’incantation. Promise depuis des années, la dépénalisation de l’acte de gestion n’a toujours pas été votée.

La judiciarisation n’est pas le seul mal qui mine ces dirigeants d’entreprises. Les interférences politiques sont aussi un fardeau à gérer pour tout patron d’entreprise d’État. Gérer un « top management » professionnel et compétent relève du parcours du combattant lorsque des appels venus d’en haut viennent dissuader les patrons de se séparer de tel ou tel élément. Dans ces conditions, il sera toujours difficile voire impossible de gérer correctement une entreprise publique.


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