Accidents de la route : 3800 personnes handicapées par an

Boubergout

Flora Boubergout est présidente de l’Association « El Baraka » pour les personnes handicapées. Victime d’un accident de la route, Mme Boubergout milite depuis 12 années pour mettre fin à ce fléau.

Que faites-vous en matière de sensibilisation ?

Nous avons mis en place une caravane de sensibilisation pour le mois d’août. Nous avons commencé par la wilaya de Boumerdès où nous menons une campagne auprès des estivants. Nous nous sommes déplacés sur les bordures de plages et des routes. Des prospectus ont été distribués. Les estivants ont été très réceptifs et ont salué l’initiative. Nous allons par la suite nous déplacer à Bejaia, Batna, Tipaza, Alger et Blida. La sensibilisation est l’une des armes qui peut lutter contre ce fléau. C’est un devoir qui incombe à tout citoyen. C’est, aussi, le rôle de toute la société civile et des autorités. Il faut que cela cesse.

A combien s’élève le nombre de morts et d’handicapés engendrés par les accidents de voitures ?

Le nombre de morts est estimé à 4 500 personnes  par an. Le nombre d’handicapés s’élève, quant à lui, à 3 800 personnes par  an. Je suis une de ces personnes qui avaient une vie normale jusqu’au jour où un chauffard roulant à plus de 160 Km/h me soit rentré dedans et me voilà maintenant sur une chaise roulante. Ma vie a basculé en quelques secondes.

Comment procédez-vous pour faire passer votre message aux citoyens ?

A chaque fois que nous nous arrêtons sur une place publique, nous affichons des panneaux chocs. Il faut sensibiliser mais aussi choquer. C’est une façon de dire : « Voilà ce qui m’est arrivée et cela peut arriver à n’importe  qui d’entre vous. » J’ai été choquée à plusieurs reprises, lorsque des jeunes me racontaient qu’ils avaient déjà perdu des amis ou des membres de leur famille dans un accident de voiture mais qu’ils ne peuvent pas s’empêcher de dépasser les limitations de vitesse lorsqu’ils conduisent.

Quelle est la solution pour que ces jeunes prennent conscience du danger ?

Les jeunes ont besoin d’avoir des endroits où ils peuvent se défouler. Faute d’avoir des lieux adaptés, ils transforment la route en défouloir. L’utilisation de la vitesse au volant est la seule façon qu’ils trouvent pour décompresser. Il faut donc leur donner un défouloir sécurisé. Pourquoi ne pas créer des circuits, comme c’est le cas dans d’autres pays ? Je lance un appel à tous les décideurs pour réfléchir sérieusement à cette solution qui pourrait contribuer, en partie, à mettre fin à cette hécatombe.

Outre cette proposition, quelles sont les solutions que vous préconisez ?

Le permis à point est une des solutions. Il a été lancé mais sa généralisation a pris du retard. Il faut l’étendre le plus vite possible. À chaque point perdu, le conducteur devra se remettre en question et fera un effort pour garder son permis, ce qui pourrait sauver des vies.

Autre élément important : la sensibilisation des enfants. Le chérubin d’aujourd’hui, sera le conducteur de demain. Nous lançons un appel à la ministre de l’Éducation pour inclure l’éducation routière dans le programme scolaire. Il faut, également, multiplier les radars pour mener une guerre sans merci contre les chauffards.

En plus des voitures, les motos font actuellement d’importants dégâts. La majorité des  motards n’achètent pas de casque, car ils trouvent que les prix sont élevés. Il faut qu’un travail de sensibilisation soit mené auprès de cette catégorie. Les pouvoirs publics doivent, de leur côté, mettre les moyens en aménageant des pistes motos-cyclables.

Autre problème, et pas des moindres, c’est l’absence de trottoirs dans certains endroits. On trouve également des trottoirs occupés et encombrés par des commerçants. Les piétons sont contraints de marcher sur la chaussée ce qui constitue un danger pour leur vie.  Cette problématique doit être prise en charge par les autorités concernées.

Quel est votre message aux conducteurs ?

Rien ne vaut la vie. Il faut tout faire pour la préserver. Il ne faut surtout pas se dire que cela n’arrive qu’aux autres.


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