Alors que l’épidémie de fièvre aphteuse se répand très rapidement sur le territoire, la psychose gagne la population. De nombreux Algériens ont décidé de boycotter la consommation de la viande pour éviter tout risque. À tort, le risque pour l’être humain étant quasi inexistant.
Dans le réfrigérateur de Faroudja, habitante du village de Laezaib, 35 km à l’est de Tizi Ouzou, la viande a disparu. Pas question de prendre le moindre risque pour cette sexagénaire qui a « entendu parler d’une nouvelle maladie sur les bêtes ». Du coup, Faroudja a trouvé la parade. À ses enfants elle cuisine du poulet, de la viande blanche et du poisson.
Comme elle, de nombreux Algériens ont entendu parler de la propagation du virus de la fièvre aphteuse sur l’ensemble du territoire. Et comme elle, ils boycottent la viande rouge de peur de tomber malades. Sauf qu’en réalité, le risque de présenter des symptômes de la maladie est quasi inexistant. « Cette maladie ne se transmet pas à l’être humain », tranche immédiatement Mustapha Zebdi, président de l’Association de protection des consommateurs (Apoce), lorsqu’on l’interroge sur les risques. Il précise que le consommateur algérien peut aussi bien manger de la viande bovine et ovine que boire du lait de vache. « Certains micro-organismes spécifiques à l’animal n’ont aucune incidence chez l’humain ». C’est le cas de la fièvre aphteuse.
Même son de cloche au ministère de la Santé. « Le seul problème avec la viande contaminée c’est qu’elle n’est pas très belle à voir. Elle est un peu boursouflée avant la cuisson. Mais en dehors de cela, il n’y a aucun risque pour la santé », explique Salim Belkessam, conseiller au ministère.
Il rappelle les rares cas où une transmission de l’animal à l’homme a été observée. « Chez certains éleveurs qui ont eu un contact prolongé avec une bête et qui présentaient une plaie, il y a eu transmission », mais le consommateur final est très loin de cette conjonction de risques.
Attention toutefois aux conséquences négatives de cette psychose. Souvent, les bêtes abattues se retrouvent bradées sur le marché informel. Les éleveurs cherchent, en effet, à rentabiliser le plus possible le bétail perdu. Mais si le consommateur l’achète, poussé par un prix attractif, la déconvenue risque d’être grande. Elle ne sera pas halal car pas abattue selon les rites de l’Islam. « C’est plus un risque moral et religieux que sanitaire », explique Mustapha Zebdi.
Les deux experts attirent également l’attention sur la consommation de lait de vache. Elle ne présente aucun risque en matière de fièvre aphteuse mais peut mener l’organisme à développer d’autres microbes. « Nous déconseillons très fortement la consommation du lait cru », explique Selim Belkessam. Mustapha Zebdi recommande, quant à lui, de vérifier systématiquement qu’un certificat de salubrité – délivré par le vétérinaire – figure sur l’emballage.