Ofer Bronstein, président du Forum international pour la paix au Proche-Orient : « L’Algérie doit jouer un rôle constructif en Palestine »

Ofer Bronstein

Le bombardement d’une école de l’ONU à Gaza, dimanche 3 août, a indigné la communauté internationale, pourtant très silencieuse depuis le début des massacres. Les États-Unis ont notamment déploré leur « consternation » et la France a évoqué un « carnage ».

Après 27 jours d’intenses bombardements, plus de 1 800 Palestiniens ont été tués sous les bombes israéliennes. Le ministre français des Affaires étrangères réclame une solution « imposée » entre les deux parties. Une opinion partagée par le Franco-Israélien Ofer Bronstein, président du Forum international pour la paix au Proche-Orient. Ce fervent partisan de la paix est détenteur d’un passeport israélien, palestinien et français. Interview.

Le bombardement de l’école palestinienne est-il un tournant dans cette guerre ?

Je crois que oui. En tout cas, je l’espère. Israël a déclaré un cessez-le-feu unilatéral de 7 heures. Dans le même temps, des négociations sont en cours au Caire. J’espère sincèrement que les combats s’arrêteront dans les prochains jours. Il y a d’ailleurs urgence pour venir en aide à la population gazaouie. Mais la vraie question est de savoir comment on réussira à éviter la prochaine escalade de violence. Car ces événements se reproduisent malheureusement tous les trois ans. Et nous venons encore d’assister à un épisode tragique. Presque 2 000 morts et 250 000 réfugiés côté palestinien, la population israélienne prise en otage…

Quel est l’état de l’opinion publique israélienne sur cette guerre ?

Les autorités du pays ont appliqué un lavage de cerveau à leur population. Alors forcément, les citoyens ont tendance à adhérer aux actions de leur armée. Mais c’est la même chose à Gaza avec le Hamas. Les extrémistes se sont renforcés de chaque côté.

Assisterons-nous un jour au règlement de ce conflit ?

Il faut d’abord comprendre que la guerre ne règlera pas le conflit. Seules les actions diplomatiques ont permis des progrès dans l’histoire. Je suis d’accord avec ce qu’a dit Laurent Fabius ce matin : il faut imposer une solution israélo-palestinienne.

De quelle manière ?

D’abord, la communauté internationale doit être fidèle à ses principes. La Palestine a le droit d’avoir un État. L’option pourrait être de décider de reconnaître unilatéralement la Palestine lors de la prochaine Assemblée générale des Nations Unies qui se tient le mois prochain. La France, les États-Unis et même les pays arabes ont un rôle à jouer ici.

Comment peuvent se mobiliser les pays arabes ?

Les pays « locomotives », tels que l’Arabie Saoudite ou l’Algérie, doivent jouer un rôle constructif. D’ailleurs l’Algérie est un pays important dans l’histoire de ce conflit, c’est là que Yasser Arafat y a proclamé la création de la Palestine en 1988. Si ces États décident également de reconnaître l’État palestinien et du coup l’État israélien, la paix peut arriver très vite. J’aimerais aussi voir les pays arabes faire la promotion de la paix auprès des grandes communautés juives dans le monde. Israël est devenu un peu paranoïaque sur sa sécurité. Cette action pourrait garantir la sécurité d’Israël. Et la paix en Palestine.

 


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