Alger : tensions à Bab El Oued et Bologhine pour le relogement

bologhine

La tension était palpable, ce lundi 04 août, au niveau du quartier de Bologhine et Bab El Oued. Deux quartiers touchés par le tremblement de terre. Des camions des forces antiémeute sont alignés sur le bord de la route en prévention de tout débordement.

Son café à la main, Youcef fume sa première cigarette de la journée. « Je viens de me réveiller. La vie a un goût amer ici. Tu dors en attendant que la maison s’écroule sur ta tête », nous-dit-il. Le jeune homme âgé d’une trentaine d’année habite à Bologhine. Sa maison est classée « maison vétuste » depuis des années.

« Nous attendons depuis des années. Le dernier tremblement de terre nous a rappelé à quel point c’est dangereux de vivre ici », explique le trentenaire. Il rappelle qu’il était l’un des premiers à sortir dans la rue. « Je veux que les autorités nous entendent. Nous sommes humains. Nous avons droit à une vie digne », s’écrie-t-il.  Durant les vingt-quatre heures qui ont suivi le tremblement de terre, les policiers ont procédé à plusieurs arrestations de personnes qui sont sorties exprimer leur colère.  « J’ai été arrêté parce que je réclame un droit. Comment voulez-vous que nous ne soyons pas des voyous. Si tu n’es pas violent, tu es mis à l’écart »,  s’exprime-t-il en colère.

Une colère justifiée !

Cette colère est justifiée, selon Mohammed. « On vit un calvaire depuis des années et l’État nous demande de nous taire ! », s’exclame le jeune homme de 25 ans. « Non, je ne me tairai pas, je continuerai à crier jusqu’à ce que justice soit faite », s’écrie-t-il. « Des familles inscrites sur la liste rouge attendent depuis des années. Elle sont laissées à l’abandon», estime-t-il.

Nafissa, mère de trois enfants, dont un nouveau-né, habite dans une maison vétuste dans le quartier de Bab El Oued. La mère au foyer est toujours sous le choc. « À chaque fois qu’un véhicule passe ou que j’entends un cri, je me précipite vers la porte pour m’enfuir. J’ai vraiment peur, surtout pour mes enfants ». L’odeur de l’humidité se sent dès que nous franchissons la porte d’entrée. Les murs défrichis semblent tellement fragiles. Des fissures sont visibles sur le plafond. D’une petite fenêtre, Nafissa nous montre la maison des voisins. « Regardes, tout un mur est tombé. Un de leurs enfants a été blessé. Ils ont dû aller chez la famille », dit-elle avec désolation.

Le logement, éternel problème !

À la mairie de Bab El Oued, le désespoir de cette population ne semble pas être visible. Un employé de la mairie explique que plusieurs familles veulent profiter de la situation. « Les gens qui sont en train de semer le trouble veulent juste profiter de cette situation pour avoir une maison en plus qu’ils finiront par louer », ajoute le jeune homme. Interrogé par TSA, Athmane Sahbane, président de l’APC de Bab El Oued, se veut rassurant. « Nous attendons juste l’accord de la wilaya pour faire déménager plus de 100 familles », insiste-t-il. Selon lui, le problème sera résolu dans les jours à venir. « Les gens de Bab El Oued nous font confiance et nous serons à la hauteur », promet-il.

« Des promesses, on en entend tous les jours », lance une dame, habitante à la Casbah. « Mes parents vivent à Bab El Oued. Ils attendent depuis des années, mais rien n’est fait », dénonce-t-elle. « J’habite la Casbah et c’est pire. Des morceaux du plafond tombent tous les jours. Les maisons sont devenues des ruines. On a réclamé, crié, mais rien n’est fait ».

Chaque personne interpellée se plaint du problème du logement. « Où est l’AADL (logement location-vente). Où est le LPP (logement public promotionnel). Ils arnaquent le peuple. Ils ne font que mentir », peste un quinquagénaire. « Je vais bientôt mourir et j’attends toujours l’AADL », ironise-t-il.

En dépit de plusieurs opérations de relogement et de nombreuses formules lancées par les pouvoirs publiques ; AADL, LPP,  logement rural, la problématique du logement persiste. Pendant que le citoyen  pointe du doigt le manque de transparence des opérations de distribution des logements, les autorités se contentent de  dire que tous les moyens sont mis en œuvre pour pallier ce problème.

 


Pour commenter nos articles, rendez-vous sur notre page Facebook,
en cliquant ici