Au cœur des quartiers touchés par le séisme

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La fatigue et la peur se lisent sur les visages des habitants de Bab El Oued ce matin. Réveillés par un tremblement de terre qui a secoué ce vendredi 1er août Alger et ses environs, les habitants de ce quartier sont immédiatement sortis dans la rue pour être plus en sécurité. « Je n’ai rien compris au début. Mais en voyant mes sœurs sortir, je me suis aussi précipitée dehors », nous dit une jeune fille encore sous le choc.

Les personnes qui se sont installées sur les bancs, trottoirs et jardins publics sont soulagées d’avoir réussi à sortir saines et sauves. « Nous habitons au 6e étage d’un immeuble très vétuste. Le bon Dieu nous a protégés. », raconte avec soulagement un père de trois enfants. Sa femme peine à parler. Elle se souvient toujours du tremblement de terre de Boumerdes qui a fait près de 3 000 morts en 2003. « Dès que la terre s’est mise à trembler, j’ai pensé au terrible tremblement de terre de 2003. Les images ont directement défilé dans ma tête », explique-t-elle en essuyant des larmes qui coulent sur son visage.

Près de deux heures après le séisme, les nombreuses familles refusent de rentrer chez elles. « Je ne veux pas prendre le risque », explique Chérif, 25 ans qui raconte à ses copains ce qu’il a ressenti au moment du tremblement. Les discussions vont bon train. Entre ceux qui estiment que ce tremblement de terre est « un rappel à l’ordre de Dieu » et ceux qui le justifient par la pollution et les changements climatiques que connait la planète, les débats sont nombreux.

Les sonneries de téléphones retentissent partout. « Nous allons bien ! », rassurent les habitants de Bab El Oued à leurs familles. Pendant ce temps, plusieurs familles décident de plier leurs bagages pour aller s’installer chez des proches. « Le temps que la situation se calme. Je préfère aller chez mes parents qui habitent Rouiba. Je serais plus tranquille pour mes enfants », dit Mohammed qui met quelques affaire dans sa voiture et se prépare à emmener sa femme et ses deux enfants.

Colère à Rais Hamidou

Dans la localité de Rais Hamidou, au nord-ouest d’Alger, la panique a cédé la place à la colère. « Qu’est-ce qu’ils attendent pour nous reloger ? Nous vivons dans un taudis qui peut s’effondrer à n’importe quel moment. Regardez les dégâts du tremblement de terre. Venez voir ! », nous interpelle un jeune d’une trentaine d’années qui nous indique la porte d’entrée d’une maison. À l’intérieur, une dizaine de femmes nous interpellent pour observer les fissures sur les plafonds et les poutres. Nous empruntons des marches étroites pour arriver dans la maison d’une sexagénaire qui insiste pour que nous visitions sa maison.

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« Nous avons failli y passer, des blocs du plafond nous sont tombés sur la tête. Qu’attendent les autorités pour nous trouver une solution ? », s’indigne Sara, sa fille. Elle explique qu’une décision de relogement leur a été accordée. Mais depuis, rien n’a été fait. Venu constater les dégâts, le maire de la localité explique que les habitants de ces maisons « seront relogés ». Mais il ajoute qu’il ne sait toujours pas quand l’opération de relogement aura lieu.

« Ils attendent que la maison nous tombe sur la tête », tonne une vielle dame qui explique qu’ils sont treize familles à habiter dans cet immeuble vétuste. « Nous sommes rongés par l’humidité. Nous vivons dans un danger permanent. Si nous avions de l’argent, nous ne serions pas là à attendre. Nous avons des enfants et des petits-enfants que nous voulons sauver », dit-elle.

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Malgré le danger, les treize familles ont décidé de rester à l’intérieur de leurs maisons. « Nous n’avons nulle part où aller. Nous sommes restés plus de deux heures dans la rue. Mais il fut bien qu’on rentre », dit la sexagénaire, résignée.

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