Crash du vol d’Air Algérie : comment la météo peut-elle être fatale à un avion ?

cumulonimbus

Djamel Boucherf est climatologue à l’Office national de météorologie (ONM) à Alger. Avant de partir pour le  Mali et le Burkina Faso avec le ministre des Transports, Amar Ghoul, il revient dans cet entretien sur le crash d’Air Algérie.

Quelles conditions climatiques peuvent engendrer un crash d’avion comme celui du vol AH 5017 ?

Il faut savoir que la météo est un facteur de risque. Les conditions météorologiques ne peuvent pas faire crasher un avion à elles toutes seules. Mais il existe des conditions météorologiques défavorables. C’est ce qui s’est passé au Burkina Faso. Nous savons que là-bas c’est la saison des pluies et il s’agit d’une zone où il y a ce qu’on appelle en météorologie une zone de convergence intertropicale avec des lignes de grains. C’est un ensemble de gros nuages qu’on appelle des cumulonimbus. Ils peuvent avoir un développement vertical de 12 kilomètres à 15 kilomètres dans les tropiques et dans ces nuages il y a des mouvements ascendants et descendants qui peuvent aller jusqu’à plus de 150 kilomètres à l’heure.  Il existe un risque de foudre, un risque de givre et de grêle.

Que savez-vous des conditions climatiques du vol AH 5017 ?

Ce sont celles que je vous ai décrites. Nous avons vu avec des photos satellites qu’il y avait des lignes de grains avec un composé de cumulonimbus. Selon un  baromètre assez récent, nous avons des rapports météorologiques qui indiquent ces murs-là. Le pilote peut le contourner à une distance de 40 kilomètres. C’est le radar à l’intérieur du cockpit qui l’indique au pilote ce qui lui permet de contourner ces nuages. Je ne sais pas ce qui s’est passé mais selon les photos satellites que nous avons, les lignes de grains étaient très visibles ce qui correspond à une grosse barrière atmosphérique. Je ne sais pas si le pilote l’a contournée ou non mais il en avait l’intention d’après les derniers contacts.

Est-il possible qu’en voulant la contourner, il serait tombé sur un autre cumulonimbus ?

Oui tout à fait. Si c’est bouché partout, il peut essayer de voir à l’intérieur un petit passage où il y a moins d’intensité. Mais des fois il n’a pas le choix surtout que le nuage peut aller jusque 12 ou 15 kilomètres dans ces zones.

 


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