Malgré le ramadan, ils investissent les plages d’Alger

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Le thermomètre a affiché 30 degrés, hier vendredi après-midi, dans la capitale algérienne. Les rues du littoral sont désertées par les Algériens qui préfèrent jeûner dans leur salon plutôt que d’aller griller au soleil. Mais à y regarder de plus près, un lieu ne désemplit pas malgré la chaleur ambiante. C’est la plage. De nombreux Algérois profitent du sable en ce début d’été. Et pour eux, pas d’incompatibilité entre le fait de faire le ramadan, et celui d’aller se dorer la pilule.

Sur la plage des deux chameaux à Bologhine (ouest d’Alger), Rachid est en pleine séance de bronzage. Ses trois enfants barbotent dans l’eau, mais lui préfère éviter les efforts trop physiques en plein mois de carême. « C’est normal de venir pendant le mois de ramadan. C’est l’été, on profite du soleil avec les enfants », estime-t-il, allongé sur le sable.

Voisin de serviette, Zoubir surveille lui aussi ses trois enfants. Retraité, il vient tous les vendredis sur cette plage pour prendre du bon temps et sortir ses enfants. « Je viens souvent me relaxer ici. Mais à part les enfants, les adultes ne viennent pas souvent nager pendant le mois de carême. On risque de boire de l’eau. C’est une précaution, en fait ».

Les habitants de la capitale sont plutôt nombreux à descendre à la mer en ce jour de week-end. Certains ont même trouvé la parade pour concilier religion et bonne humeur. Sur la plage voisine des deux Moulins, deux hommes font la prière sur une serviette posée sur le sable.

Jeunes, moins jeunes, la plupart des Algériens sont représentés sur le sable algérois. Enfin presque. Excepté les femmes. Mis à part deux femmes qui font trempette habillées des pieds à la tête, aucune autre dans ces plages qui ne sont en général peuplées que de pères de familles et d’enfants. Pourquoi une telle désertion de la gent féminine ? « C’est normal », tranche Zoubir. « Vous savez pendant le mois sacré nous n’avons pas le droit de voir certaines choses. Il y a d’autres plages pour ça ».

L’avis de Zoubir est loin de faire l’unanimité. Mohammed, la cinquantaine, fait preuve de plus d’ouverture. « Franchement, c’est chacun son caractère. Moi, si je vois une femme nager en maillot, je regarde autre part et c’est terminé. Mais là, elles évitent de descendre et de nager parce qu’elles savent que c’est mal vu. »

Descendu à la plage avec son frère et ses trois enfants, Ali balaie les idées reçues. « Beaucoup de gens disent que c’est pêché de descendre à la mer pendant le jeûne. Il y a du soleil, tu te baignes, où est le problème ? » Par ailleurs, les femmes devraient pouvoir nager (presque) librement, selon cet habitant des environs de Bologhine. « Disons que pendant ce mois-là, une femme doit mettre un short et un tee-shirt pour nager. Mais en dehors, elle peut venir en deux-pièces sans problème. Chacun fait sa vie. »

Boualem n’est, quant à lui, pas du tout de cet avis. Et pour lui, hors de question de faire trempette pendant le jeûne. Homme comme femme. Arguments un peu discutables à l’appui : « Bon, d’accord on peut venir à la mer pendant le mois sacré. Mais il ne faut surtout pas mouiller sa tête. Vous savez, il y a de l’eau qui rentre par le nez, les yeux et les oreilles ! Et après, votre carême il est perdu ».


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