Constitution : Ouyahia clôt les consultations mais beaucoup de questions restent sans réponses

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Lancées par le pouvoir, les consultations officielles autour de la révision de la Constitution ont pris fin ce mardi. Menées par Ahmed Ouyahia, directeur du cabinet du président Bouteflika, elles ont duré plus d’un mois. Ahmed Ouyahia a rencontré une trentaine de personnalités nationales et une cinquantaine de partis politiques, conviés à la présidence de la République pour formuler leurs propositions. En lançant les consultations, Abdelaziz Bouteflika avait émis le souhait d’aboutir à une Constitution consensuelle. Un objectif qui ne sera jamais atteint. Durant plus d’un mois, le pouvoir a parlé à lui-même. Les personnalités et les partis qui ont répondu favorablement à l’invitation sont issus du système ou affichent une certaine proximité avec le pouvoir.

En effet, à l’exception des trois formations, le FFS, le PT et le FNA qui ont répondu favorablement à l’invitation d’Ouyahia, l’opposition a rejeté l’initiative, « inutile » selon elle. Une absence qui n’a pas perturbé le planning établi par la présidence. Fidèle à lui-même, Ahmed Ouyahia s’est montré méprisant. Il a ignoré l’opposition, l’accusant même lors de sa conférence de presse animée le 20 juin, de pratiquer « la forme la plus dangereuse de l’opposition en revendiquant la transition ». Autrement dit, entre Ouyahia et l’opposition, le dialogue est impossible, le fossé étant trop profond.

Les intentions du pouvoir

Autre enseignement : les consultations officielles arrivent à leur terme, mais le pouvoir n’a pas encore révélé ses véritables intentions. Des questions restent aussi sans réponses. Qu’est-ce qui explique cette célérité dans le traitement du dossier de la Constitution, alors qu’il était dans les tiroirs depuis au moins trois ans ? Pourquoi en faire la priorité du quatrième mandat alors que le Président vient d’être réélu et son parti, le FLN, dispose d’une majorité confortable au Parlement ? Dans ses propositions, le pouvoir « propose » un retour à la limitation à deux des mandats présidentiels. Il s’agit, en fait, de la principale proposition contenue dans un document visiblement rédigé à la hâte. Le reste des propositions aurait pu être introduit par de simples lois votées au Parlement, à l’image du nomadisme politique, les nouvelles prérogatives du Parlement, les enquêtes autour de la corruption, etc.

Autre question à laquelle la mouture du pouvoir ne répond pas concerne la nature du régime. Certes, dans le document, il est question de quelques prérogatives supplémentaires en faveur du Premier ministre. Mais cette démarche semble imposée par la conjoncture actuelle, à savoir la maladie du Président. C’est loin de répondre à une vision claire sur la nature du système politique dont la définition doit justement être contenue dans la Constitution.

Avec ces interrogations, des incertitudes planent sur la durée de vie de la nouvelle Constitution qui devrait être soumise au vote du Parlement durant la session d’automne. Mais avant cette étape, la Présidence se chargera de faire l’inventaire des propositions fournies par les invités d’Ouyahia. L’officialisation de tamazight et la désignation d’un chef du gouvernement issu de la majorité au Parlement sont les principales propositions formulées. Elles l’ont été par le FLN. Le pouvoir va-t-il les concrétiser ?


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