La chronique de Hafid Derradji : Partez Monsieur Halilhodžić !

Le titre peut sembler étrange et choquer ceux qui vont lire cet appel au coach qui a mené l’Équipe nationale au deuxième tour du Mondial.

Je vous demande de partir sans regarder derrière vous, car nous vivons une époque où on ne distingue plus entre le succès et l’échec. Une époque où les ennemis de la réussite se sont unis pour détruire tout ce qui est beau dans ce pays. Au lieu d’investir dans les succès et d’en tirer profit, en valorisant l’effort fourni par tous pendant trois années pour construire une équipe qui nous honore et qui prédit un avenir brillant.

Il est vrai que le mérite ne revient pas à l’homme seul.  En effet, Halilhodžić n’aurait rien pu faire si tous les facteurs n’étaient pas réunis pour réaliser ce succès.

Cependant, je lui demande de partir pour ne pas réaliser d’autres exploits qui vont encore lever le voile sur nos lacunes, nos faiblesses et notre incapacité à sortir de la médiocrité, dont souffre le football algérien en raison de la déficience de ses cadres, de ses gestionnaires et de certains médias du foot. Mais aussi en raison de la culture de la haine et des règlements de comptes qui règnent dans le milieu footballistique en Algérie.

Je vous invite à partir parce que vous avez réussi à réaliser le rêve entretenu depuis l’indépendance. Celui de se qualifier pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde de football et de construire le projet d’une équipe respectable. Une équipe qui réalise des exploits, qui nous régale et qui possède un grand esprit de jeu, jamais égalé chez nous.

Malheureusement, cette situation embête les pseudos-experts et théoriciens du ballon rond. Ces derniers ont pourtant été incapables d’offrir à l’Équipe nationale des joueurs internationaux. Ils ne trouvent pas de clubs à entrainer. Mais ils refusent d’admettre que l’actuel sélectionneur a su faire la différence, malgré sa folie et ses défauts.

Partez Halilhodžić, car les forces du mal et les ennemis de la réussite refusent de se débarrasser de leur égocentrisme. Ils ne veulent pas que l’Algérie se réjouisse et que l’Équipe nationale réalise des exploits avec vous. Ils veulent que nous continuions à vivre dans l’illusion et le passé malheureux dont on ne peut se débarrasser, croyant que nul ne peut mieux faire.

Partez, parce que vous n’avez pas échoué ni baissé les bras, et que vous n’avez pas écouté toutes les mesquineries lancées contre vous durant les trois dernières années. Partez, parce que certains de vos collègues entraîneurs ne vous ont pas respecté, ni respecté l’éthique du travail. Personne n’a daigné vous soutenir durant les moments difficiles et aucun d’entre eux n’a dit du bien à votre sujet au jour d’aujourd’hui. Ni reconnu que vous avez contribué à la réalisation de l’exploit de l’équipe algérienne.

Partez Halilhodžić, parce que nous n’apprécions pas l’effort des hommes, leur dévouement et leur loyauté. Partez, car chez nous, certains sont convaincus que le nationalisme et l’efficacité se mesurent par rapport à des paroles creuses pour manipuler les sentiments des masses et non pas par le travail et l’effort au quotidien.

Il est vrai que l’homme est unique dans son caractère et ses relations avec les gens qui l’entourent.  En revanche, nul ne peut dire qu’il a échoué ou nier qu’il a marqué l’équipe nationale algérienne, ou bien qu’il n’a aucun mérite sur la performance des joueurs et sur les résultats historiques qu’ils ont déjà enregistrés lors du Mondial au Brésil.

Je vous invite à partir malgré l’amour et le respect que vous montre le public algérien. Un public qui n’a jamais autant apprécié et respecté un entraineur. Un public qui n’oubliera jamais la joie que vous lui avez offerte le soir du 26 juin lorsque vous avez mené l’équipe de son pays vers le deuxième tour de la Coupe du monde de façon digne et bien méritée.

Nous sommes une nation qui sous-estime l’effort. Une nation où les paresseux aiment à tirer profit des fruits cueillis par les efforts des autres. Une nation où seuls les beaux parleurs trouvent leur bonheur en manipulant et en profitant des efforts de ceux qui bataillent pour réussir.

Partez Halilhodžić… Ce pays ne tolère plus le succès, partez parce que vous êtes un symbole de réussite unique « comme votre prénom » dans un milieu corrompu, mauvais, malveillant et sous-développé.

 


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