Baccalauréat : les parents stressent et redoutent des troubles

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Encadrement policier du lycée

Un jeune homme tire nerveusement sur sa cigarette. Un gobelet de café à la main droite, il regarde l’entrée du Lycée Ahmed Tawfik El Madani d’El Mohammadia, à l’est d’Alger. C’est le premier jour du baccalauréat et l’entrée du lycée est vide d’étudiants. La plupart entre directement par la petite porte, gardée par deux policiers dont la voiture est stationnée juste devant le portail du lycée. Très peu de parents accompagnent leur enfant jusqu’à devant le centre d’examen. « Elle a tout fait pour que je ne l’accompagne pas. Je l’ai laissée partir seule mais je l’ai suivie de loin » raconte une maman dont la fille passe le bac. Quelques femmes sont face au lycée, certaines se retiennent de pleurer. « L’une de mes filles passe sa licence cette année, mais nous n’avons été préoccupés que par celle qui passe son bac », raconte une maman, la main sur le cœur.

Fauteurs de troubles

« Ces épreuves, qui s’étaleront sur cinq longues journées, toucheront  657 026 candidats à l’échelle nationale, dont 450 374 scolarisés qui seront du 1er au 5 juin, aux prises avec une dizaine d’épreuves liées aux matières enseignées durant toute l’année scolaire », peut-on lire dans le quotidien El Moudjahid. Ce n’est pas moins de 120 000 enseignants-surveillants qui seront mobilisés dans les 2 181 centres d’examens prévus. « Il parait qu’il y a quatre surveillants par classe et deux dans les couloirs », croit savoir une maman. «  J’espère que les enfants se tiendront tranquilles… Ma fille m’a raconté que certains camarades de sa classe ont promis de causer des troubles si les sujets ne leur conviennent pas », poursuit-elle. Une autre maman lui répond que ce ne sera pas dommageable au plan national et que seule la classe touchée sera sanctionnée. « Ils ont pris l’habitude depuis l’année dernière quand ils ont triché lors des épreuves. Moi j’ai interdit à ma fille de sortir même pour aller aux toilettes, histoire qu’ils ne pensent pas qu’elle fait partie de la bande de fauteurs de troubles. On ne sait jamais… », avoue la première mère.

Malaises des candidats

Quelques mamans restent devant le portail. Un groupe de trois hommes se tient en retrait, à proximité du lycée. Des agents de la Protection civile sont postés juste derrière l’entrée du centre d’examen. Une première  alarme a retenti dans l’établissement. Trois jeunes hommes entrent dans le lycée, la démarche nonchalante, une petite sacoche en guise de cartable. « Elle était bien durant la période de révision. Son père l’a obligée à lâcher ses cahiers », relate une maman au sujet de sa fille. « Mais hier elle a fait une crise. Des frissons, de la fièvre, elle avait chaud puis elle avait froid jusqu’à ce qu’elle s’écroule. On a dû l’emmener à Belfort (centre hospitalier à El Harrach). Ils lui ont administré une injection puis elle allait mieux », poursuit-elle alors que la pluie commence à tomber. Une autre maman poursuit avec l’histoire de sa fille. « La mienne n’a pas dormi jusqu’à quatre heures du matin. C’est son père qui l’a obligée à éteindre la lumière ». Présente avec les deux mères, une troisième enchaîne : « Nous, personne n’a dormi à la maison. Surtout pas moi. Je suis malade. À midi je me sentirai mieux, c’est sûr ».

Une année scolaire entachée de mouvements de grève

Le baccalauréat représente une organisation titanesque. 17 millions de copies comportant les questions pour l’examen du baccalauréat ont été imprimées. Elles ont ensuite été réparties dans 50 000 enveloppes cachetées. Puis elles ont été remises aux centres d’examen. Mais malgré cette organisation qui – pour le moment – n’a pas connu de point noir majeur, les parents en veulent aux dirigeants de l’Éducation nationale. Très mécontents du déroulement de l’année scolaire. « Presque deux mois de grève, on a dépensé tout ce qu’on avait pour qu’elle puisse suivre des cours dans cinq matières différentes », s’insurge une maman. Depuis plusieurs jours, le bruit court que l’examen du baccalauréat sera plus facile cette année. Les parents comptent bien là-dessus. Car les étudiants de terminale n’ont pas réintégré le lycée après les deux mois de grève. « Ils étaient dégoutés et la plupart ont préféré travailler à la bibliothèque », raconte un parent. Une maman explique que suite aux absences de sa fille, elle a été convoquée par la direction. Mais qu’elle ne s’est pas laissée faire par le directeur qui était introuvable durant la grève. « Il y a de quoi être dégouté après un laisser-aller comme ça », justifie la mère. Alors que la pluie continue de tomber devant le lycée Ahmed Tawfik El Madani, des mamans se décident à prendre le chemin du retour. Il s’agit de préparer un bon repas pour le retour des candidats à 13h30. Ce marathon familial va durer 5 jours.


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