Plus de 40 jours après l’élection présidentielle, Ali Benflis continue de contester les résultats officiels. « Avec le recul, mon appréciation reste strictement la même. Cette appréciation je l’ai exprimée en conscience sur la base d’une évaluation politique rigoureuse et sans concessions », explique l’ancien candidat dans un entretien publié ce samedi 31 mai par le journal El Watan.
Ali Benflis explique que tout ce qu’il avait affirmé auparavant se réalise : « Qu’ai-je dit que les développements depuis l’élection n’ont pas confirmé ? Qu’il n’y a pas d’élection, que le suffrage universel ne compte pas en Algérie ? […] Que la fraude est une sorte d’assurance tous risques politiques pour ce régime ? […] Que la vaste entreprise frauduleuse du 17 avril aggravera la crise politique et l’impasse institutionnelle auxquelles l’Algérie fait face ? »
Le candidat malheureux à la présidentielle du 17 avril accuse le Conseil constitutionnel d’être « une institution-pivot dans l’opération de fraude massive à laquelle était réduite la dernière élection présidentielle. […] Il a agi en simple relais du pouvoir en place. Mais il n’est pas le seul ».
Sur sa participation aux élections, Ali Benflis nie avoir participé pour donner de la crédibilité au vote. Il explique : « Mon but avait une triple dimension : celle de faire une démonstration qu’une alternative existait et qu’elle pouvait être portée par un projet politique rigoureux, crédible et prêt à l’emploi ; celle de prouver sur le terrain la capacité de ce projet politique de susciter une forte adhésion populaire ; et celle de faire confirmer, pour ceux qui en doutent encore, que notre pays et notre peuple sont demandeurs de changement et qu’ils y sont prêts ».
Concernant le livre blanc sur la fraude électorale, Ali Benflis explique que le document de 200 pages est en voie de finalisation. « Soyez patients. C’est d’un livre blanc qu’il s’agit, pas d’une déclaration ni d’un communiqué ». Sur son contenu, M. Benflis indique que « ce livre blanc, dans une démarche de traçabilité, remonte toute la filière de la fraude ».
Sur la situation politique après plus de 40 jours du scrutin présidentiel, Ali Benflis affirme : « La crise politique et l’impasse institutionnelle sont toujours là et elles s’aggravent. Le pays n’est pas gouverné. La légitimité des institutions est mise en cause comme elle ne l’a jamais été auparavant. Chez nous, c’est le règne de l’incurie, de l’incompétence et de l’impunité ». Ali Benflis cite le cas de l’exploitation du gaz de schiste et indique que cette autorisation « est symptomatique de l’irresponsabilité et de la légèreté avec lesquelles sont gérées les affaires publiques ».
Concernant l’invitation qu’il a reçue de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique pour participer à la rencontre du 10 juin, il explique : « Je suis pour une dynamique de convergence entre les forces politiques constitutives de cette opposition. Enfin, il me semble que ce qui peut rassembler ces forces dans leur refus d’une politique désastreuse du régime en place est plus fort et plus important que ce qui peut les différencier ». Sur sa participation à la réunion, il affirme que « la concertation est en cours entre nous. J’arrêterai la décision définitive au vu des résultats de cette concertation ».