Don d’organes : quelle est la situation en Algérie ?

Abderezak Zebboudj est vice-président de l’Association Don d’Organes Biloba (ADOB) qui milite pour la promotion du don d’organes, de tissus et de cellules à travers, notamment, l’information et la sensibilisation du public.

Quelle est la situation en matière de don d’organes en Algérie ?

Il faut savoir que 98 % des greffes d’organes réalisées en Algérie se font à partir de donneurs vivants apparentés.  En France, la majorité des greffes se font à partir de personnes décédées. En Algérie,  elles sont faites à partir de donneurs vivants d’une même famille. Selon un sondage que nous avons  réalisé sur l’Algérois, 83% des personnes interrogées seraient favorables aux dons d’organes. Mais seules  50% d’entre elles sont disposées à donner.  30% sont favorables sans pour autant vouloir un jour être donneuses d’organes.

Fait-on des prélèvements d’organes sur les morts ?

Il y a eu deux cas de prélèvements  à partir de personne en mort encéphalique, à Blida et à Constantine. Nous avons également réalisé de nombreux prélèvements de cornées à partir de cadavres. Cela s’est fait de 1963 à 2002. Mais en 2002, un décret est venu contraindre le prélèvement de cornées de cadavres. Le texte impose le consentement du donneur de son vivant. Ce qui est normal et répond à l’éthique. Depuis, nous importons les cornées des États-Unis principalement. Il y a un projet de loi pour permettre la réouverture de la pratique. Entre 1963 et 2012, près de 6 030 greffes de cornées ont été pratiquées chez nous.

Que faudrait-il faire pour avoir plus de donneurs d’organes ?

Il y a un manque de sensibilisation de la population. Beaucoup de gens ignorent que ça existe et que ça se fait chez nous. La tradition et le milieu socio-culturel dominés par les convictions  religieuses tendent à faire croire que le don ou le prélèvement d’organes est contraire à l’Islam.  Il y a également l’aspect médical et toute  la logistique que cela implique  qui n’est pas encore très maitrisée chez nous et qui peut constituer un frein.

Combien pratiquons-nous de greffes ?

Concernant le rein, de  1986 (date de la première greffe de rein)  jusqu’en 2012, nous avons pratiqué près de 933 greffes. Concernant la greffe de foie, il en a été réalisé que 34, de 2003 date de la première greffe à 2012. Cela reste en deçà des besoins nationaux.

Quels sont les besoins nationaux aujourd’hui ?

Pour le rein, nous avons entre 4 000 et 5 000 nouveaux cas d’insuffisance rénale chronique chaque année. Seulement  100 greffes sont réalisées. Cela ne  veut pas dire que les 5 000 cas nécessitent tous une greffe, mais  beaucoup de personnes malades, qui en auraient besoin, ne la reçoivent pas.

 Le donneur doit-il être musulman ?

Non, il n’y a pas de barrière inter-religieuse. On n’est pas obligé de prélever d’un musulman ou de donner à un musulman. Les organes sont considérés comme nobles quelle que soit l’appartenance religieuse de la personne.

 


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