Vu de Paris : un diplomate français d’origine algérienne crie au racisme quand le piston ne marche plus

Quand on veut devenir ambassadeur de France, on passe, en général, le concours de l’École nationale d’administration (ENA) ou un autre difficile concours interne au ministère des Affaires étrangères. Et après une longue carrière, on finit par devenir, un jour, représentant de la France à l’étranger. Un tout petit nombre de ces clercs est, par ailleurs, régulièrement nommé par le fait du Prince, la volonté politique. Ce sont, en général, des amis du pouvoir qui ont les qualités requises pour passer avant les diplomates de carrière. Il y eut, ainsi, des écrivains célèbres au Quai d’Orsay, comme Azouz Begag, Daniel Rondeau ou Jean Christophe Ruffin et puis, il y avait…un ancien footballeur professionnel – de petit niveau mais professionnel tout de même ! Celui-ci avait su habilement slalomer au sein de l’appareil d’État, depuis de longues années, pour s’y faire une place au soleil. Il s’était fait initialement bombarder « Inspecteur de l’Éducation nationale » avant de continuer d’intriguer, d’abord grâce à Claude Chirac, la fille de son président de père, puis ensuite auprès de Jean François Copé, le patron de l’UMP et ce, avant d’être nommé ambassadeur par Nicolas Sarkozy. Un homme au profil de droite qui, sentant le vent tourner, avait annoncé avoir voté François Hollande. Comme disait jadis un homme politique français connu pour ses positions politiques à géométrie variable : « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent ! »

L’ambassadeur Zaïr Kedadouche, par ailleurs d’origine algérienne, est issu d’une famille de banlieue qui n’a pas connu l’ascenseur social par le mérite républicain retiré de ses études. Après avoir fait jouer ses amis de droite pour sa propre carrière, il a voulu continuer à grimper dans la hiérarchie des diplomates français. Après avoir été en poste dans la principauté d’Andorre, il espérait un autre poste malgré un pouvoir opposé à sa couleur politique d’origine. Et il pensait que cela aurait dû lui être servi sur un plateau. N’ayant reçu de son administration qu’une indifférence polie suite à ses demandes répétées, il a, dans un premier temps, accusé publiquement la diplomatie française d’être le lieu le plus raciste de la République, avant d’annoncer dans tous les journaux sa démission et son retour dans son corps d’origine -non pas le vestiaire d’un club de football, mais le douillet cénacle des « Inspecteurs de l’Éducation nationale ». En réalité, cet intrigant aux petits pieds n’avait guère donné satisfaction et ses deux postes au Quai d’Orsay n’ont en rien été marqués par sa présence, à entendre nombre de ses collègues unanimes. Des racistes ? Très certainement puisqu’il nous le dit…!

En réalité, cet ambassadeur qui était le seul issu des minorités dans la caste la plus haute du ministère des Affaires étrangères, n’a jamais su adopter les codes et usages d’un monde feutré ; celui  de la diplomatie. Il a, au contraire, rapidement excipé de ses origines algériennes pour crier au scandale quand sa carrière n’a pas avancé assez vite à son goût quand de nombreux diplomates et hauts fonctionnaires du Quai d’Orsay sont empêchés de progresser pour des motifs parfois byzantins.

En outre, cet ambassadeur n’a jamais pu faire oublier sa condition de parachuté au sein du personnel diplomatique. Il a ainsi usé de toutes ses relations politiques sans vergogne. Le Quai d’Orsay garde la mémoire de ces courriers comminatoires et les appels téléphoniques de ses protecteurs qui, durant plusieurs années, ont encouragé son parcours.

Cet épisode, relaté par TSA, a ému nombre de représentants de l’élite algérienne sur le thème bien singulier de  « l’Algérophobie » qui régnerait dans la haute administration française. Ce racisme anti-algérien serait, à les entendre, bien supérieur à la situation des élites marocaines qui seraient forcément mieux traitées et représentées en France. Ce qui est patent, c’est assurément que le Maroc est bien plus organisé en France pour faire valoir ses intérêts, ceux de sa diaspora et de ses élites à Paris. Sans compter la diplomatie du couscous à la marocaine qui attire nombre de membres de l’élite française sur son territoire et crée de facto une proximité.

Assurément et pour l’exemple, Najat Vallaud-Belkacem est en France à la tête d’un très gros ministère après avoir été appointée par Mohamed VI tout comme l’ancienne garde des Sceaux, Rachida Dati. Mais tout comme cette dernière de famille marocaine, l’ex-ambassadeur français à Andorre d’origine algérienne avait assurément du mal avec les us et coutumes et les usages en vigueur dans les cénacles diplomatiques, là où Najat Vallaud-Belkacem, mariée à un haut fonctionnaire, possède, elle, les codes de la haute fonction publique et de la bourgeoisie d’État français, vraisemblablement hérités d’un parcours scolaire irréprochable.

Des petits marquis racistes ou antisémites, assurément la France en regorge à l’heure où Marine Le Pen caracole en tête des sondages pour les prochaines élections européennes. Mais le racisme dans les administrations françaises est-il pour autant une réalité consubstantielle et plus encore au Quai d’Orsay ; un ministère qui brasse, au contraire, différentes cultures en son sein ? Cet ambassadeur d’origine algérienne aurait décrit sa vie dans une garnison, une caserne de gendarmerie ou un commissariat  de police, on aurait pu plus facilement accepter son récit du racisme quotidien. Et l’argument sur le racisme anti-algérien au prétexte qu’on lui a refusé un poste en Algérie ne tient pas ; les administrations françaises refusant, par principe, d’affecter des fonctionnaires dans leurs pays -lointainement- d’origine.

Pour le reste, l’ex-ambassadeur à Andorre, au-delà de ses carences personnelles, est peut-être victime du plafond de verre qui, comme pour d’autres fils d’immigrés ou de familles populaires, empêche, à partir d’un certain niveau, de progresser dans une société française assez sclérosée. Mais pour une fois que l’Algérie pouvait s’enorgueillir de compter un fils de compatriote dans le corps des ambassadeurs, voilà qu’elle découvre ce dernier surtout capable de scandale et d’impéritie, après une carrière effectuée à coup de pistons.


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