Pourquoi la détention des deux jeunes arrêtés lors de la manifestation de Barakat vous paraît-elle anormale ?
Les deux jeunes ont été placés en garde à vue par la police pendant 48 heures à deux reprises. Ils ont été présentés devant le procureur qui les a déférés devant le juge d’instruction. Ce dernier a pris la mesure de les mettre en détention provisoire. La procédure est tout à fait légale. Mais je pense qu’il y une disproportion entre ce qu’on leur reproche et le fait de les mettre en prison. Je n’ai pas souvenir qu’on ait mis quelqu’un en prison pour attroupement non armé. Généralement, ils sont laissés en liberté même s’ils doivent répondre par la suite devant la justice.
Que risquent-ils ?
La loi prévoit une peine de trois mois à une année de prison pour attroupement non armé. Mais un attroupement non armé est le fait qu’un groupe de gens manifeste. Et dans ce cas, les autorités, le maire par exemple, le wali, un responsable de la police ou de la gendarmerie, leur intiment l’ordre de se disperser. Ce qui n’a pas été fait même si cela est prévu par la loi. Cela étant dit, nous avons fait appel de la mesure de détention provisoire. Demain, leur dossier va passer devant la chambre de l’accusation qui va statuer sur la demande de remise en liberté. La LADDH a constitué un collectif de quatre avocats pour les défendre. D’autres avocats vont nous rejoindre aussi.
Y aura-t-il des mesures particulières qui pourraient être prises à l’encontre du ressortissant tunisien ?
Il n’y aura pas de mesure particulière. Selon les documents envoyés par son employeur, sa situation est tout à fait régulière. Donc, en cas de condamnation, ils auront la même peine. Et dans la sanction prévue, il n’y a pas de mesure d’expulsion.
Pourquoi Mohamed Kadi et Moêz Bennecir étaient-ils les seuls à avoir été arrêtés lors de la manifestation de Barakat ! ?
Je ne pourrai pas vous répondre. D’ailleurs, c’est une question qu’on s’est également posée. Personne n’a été interpellé parmi les manifestants qui étaient à côté. Et ces deux jeunes ne faisaient que passer. C’est l’instance qui poursuit qui doit expliquer pourquoi on a ciblé spécialement ces deux personnes. Maintenant s’il y a des choses qui ne sont pas dans le dossier, il faut qu’on nous le dise parce qu’on voudrait bien les connaître.