Vu de Paris : Tahar Benjelloun « Sans honte et sans pudeur », Alger dindon de la farce onusienne

Tahar Benjelloun demeure un sujet marocain déguisé en écrivain et académicien français. Forcément, quand il prend la plume pour parler de l’Algérie ce n’est pas pour saluer une presse beaucoup plus libre qu’à Rabat, ni entretenir ses lecteurs des journalistes et activistes du royaume chérifien injustement emprisonnés.

On ne l’a ainsi jamais entendu défendre publiquement la presse marocaine, sous le joug des conseillers du roi Mohammed VI, ni même avoir un mot concernant les libertés publiques dans sa bonne ville de Tanger. Il n’a, par exemple, jamais évoqué les journalistes Ali Amar, jadis emprisonné, ni Ahmed Benchemsi, le fondateur du remarquable magazine Tel Quel, lequel a dû s’exiler aux États-Unis pour fuir la répression des hommes et des idées qui touche les esprits de Tanger à Agadir. Bien sûr, quand Tahar Benjelloun prend la plume sur les pays arabes et sur l’Algérie en particulier c’est alors pour vilipender un pays qu’il connait surtout à travers la propagande du régime marocain. Dans ces cas-là, il s’en donne à cœur joie et obéit à ses maîtres chérifiens, transformé en chien de garde d’un régime menacé.

Sur le site internet du magazine Le Point, il redevient le journaliste partial qu’il fut au quotidien Le Monde : veule avec les puissants et impardonnable avec les faibles, tel est Tahar Benjelloun, jadis mis en cause de manière honteuse pour avoir exploité une petite bonne marocaine, réduite chez lui en esclavage moderne et dénoncé alors par des associations françaises. Depuis, cet homme qui ignore la pudeur et possède tous les culots d’arriviste peut ainsi déverser sa bile sur Alger dans un papier intitulé « Sans honte, sans pudeur », un titre qui s’adresse d’abord à celui qui en est le signataire.

Nombre de ses proches, eux aussi, apprécieront ce titre qui lui va comme un gant. Extraits de cette chronique : « Comment dit-on « honte » en arabe ? Il existe plusieurs mots, plusieurs expressions. Mais, quel que soit le vocable, certains n’ont que faire de cet état. À peine avalées les images pathétiques et révoltantes de la réélection de Bouteflika en Algérie, voilà que Bachar el-Assad, le grand meurtrier du peuple syrien, annonce sa candidature pour un nouveau mandat présidentiel ».

Mettre sur le même plan, Bouteflika – malgré tous ses défauts – et el-Assad, il fallait oser ! Et pourquoi pas comparer Mohammed VI à Kadhafi ? L’écrivain officiel du Makhzen marocain continue à barboter dans la même eau dans les lignes suivantes : « Quant à l’Algérie, tout a été dit et montré. Mais il y a des équilibres à maintenir et des privilèges à sauvegarder. Si ce pays était moyennement riche, il aurait été certainement plus juste et plus prospère. Mais on sait que le gaz et le pétrole sont des ingrédients qui font plus de mal que de bien ».

Heureusement, néanmoins, que l’Algérie consent des avantages à son voisin chérifien, sinon il n’y aurait pas d’électricité au royaume des merveilles pour alimenter l’ordinateur de Benjelloun ! Mais ça Tahar Benjelloun veut l’ignorer délibérément et ce n’est pas lui qui fera le lien moral entre les deux pays. Et quand il est à Tanger c’est surtout pour y gouter ses délices plutôt que d’utiliser ce qui lui reste d’autorité intellectuelle pour unir les hommes. Gageons que s’il devait, un jour, arriver malheur au vrai pouvoir de Rabat, Benjelloun serait assurément le premier à s’en féliciter. D’ici là, il continuera à servir au service de son souverain. Ainsi vont les écrivains de cour : « Sans honte, sans pudeur ».

De quel manque souffre l’Algérie pour se faire entendre dans l’enceinte du Conseil de sécurité des Nations unies ? Cette question à laquelle ne répondra jamais le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra ni Abdelaziz Bouteflika est pourtant de la plus haute importance. TSA a rappelé hier la formule prêtée à l’ambassadeur de France à l’ONU Gérard Araud, lequel aurait prononcé cette fameuse phrase popularisée par le quotidien Le Monde : « Le Maroc est une maitresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux mais qu’on doit défendre ».

En réalité, cette formule dit bien la réalité de la relation bilatérale entre Paris et Rabat, et par voie de conséquence avec Alger. Rabat ne fait pas particulièrement de cadeau à Paris au quotidien. Les entreprises françaises n’ont plus de tapis rouge déroulé au royaume du roi Mohammed VI, lequel a fait du produit made in Maroc une priorité du royaume. Mais de temps à autre, M6 qui jongle en permanence entre ses deux alliés, Paris et Washington, fait des gestes symboliques qui entretiennent l’amitié entre les pays. Il provoque des visites d’État à Washington, il achète une ligne de train à grande vitesse à la France.

Sa diplomatie et ses élites pratiquent la politique de la couscoussière et du riad quasi gratuit, accueillant avec un trop plein d’hospitalité surjouée les élites américaines et françaises. Et forcément, à force de se rendre à Marrakech ou Tanger, de côtoyer les forces vives du pays, cela finit par infuser dans tous les pores de la relation entre le Maroc et ses alliés.

Pendant de ce temps-là, que peut offrir Alger ? Une coopération énergétique, une lutte contre le terrorisme et l’immigration illégale et des contrats d’infrastructures pour les grands groupes. Ces sujets n’ont jamais été utilisés par Alger comme de véritables leviers d’influence pour faire pression sur la relation vis-à-vis du Maroc. Et pourtant il s’agirait pour l’Algérie de cesser d’être le dindon d’une farce qui ne dit pas son nom. Une tragicomédie où l’Algérie est depuis trop longtemps le cocu permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, à défaut d’être la réelle puissance régionale revendiquée par ses diplomates arrogants.

Quelle reconnaissance les pays ont-ils donnée au Polisario ? Que fait réellement Alger pour sortir par le haut de cette situation. En réalité, la diplomatie algérienne qui fut jadis un phare pour une partie du monde n’arrive plus à se faire entendre. Elle est dans un état lamentable. Et c’est hautement regrettable.  Mais il faudrait peut-être pour contrer cela que la diplomatie algérienne ne soit pas d’abord et depuis trop longtemps empêchée par des élites diplomatiques déconnectées et d’abord le fait d’un président vieilli et impotent. Cela n’aide guère pour décrocher son téléphone et entretenir les relations d’État à État.

 


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