Les initiatives politiques en faveur du changement ont-elles une chance d’aboutir ?

Rachid Grim

Rachid Grim analyse l’émergence de différents pôles politiques appelant à un État de droit et démocratique. Le politologue critique ces initiatives qu’il considère peu porteuses d’espoir.

Un groupe de militants a annoncé, ce dimanche, la création de l’Alliance nationale pour le changement. On retrouve dans l’ANC d’ex-cadres du FFS et des militants de l’ex-FIS. Quelle signification faut-il y voir ?

C’est le contrat de Rome ! On est toujours étonné de voir le FFS aux côtés d’Islamistes, mais ça ne date pas d’aujourd’hui.  Ils (FFS et ex-FIS) disent qu’ils font une alliance stratégique « dans le but de renverser le système et après on verra », mais ce n’est pas la première fois. Ce n’est pas étonnant et c’est encore plus désolant aujourd’hui.

Tous ces mouvements ne risquent-ils pas de se torpiller ?

Tout à fait. Ils vont se télescoper. Ceux qui ont mené la campagne anti 4e mandat, les boycotteurs ou les autres, ceux-là ont la légitimité d’aller plus loin et de créer une force, même s’ils n’y arrivent pas cette année ou l’année prochaine. Ils peuvent, en tout cas, faire quelque chose d’assez dynamique pour entrainer l’Algérie vers le mieux. Mais les autres, comme les initiatives de Benflis et ses partisans ou les Islamistes, ils vont se télescoper. Je me demande même si ce n’est pas une des stratégies du pouvoir pour se pérenniser puis laisser ces gens s’entretuer. Nos chefs de partis, ou ces personnalités qui s’agitent pour se montrer, veulent toujours être les premiers. Ils ne le font pas dans l’intérêt général. Ils sont toujours dans un intérêt qui est le leur. Il n’y a pas de personnalités actuellement capables de le faire pour l’intérêt général. Benflis peut-être, mais il a tellement déçu et puis pour avoir crédibilisé cette mascarade du 17 avril. Même lui, qui avait des compétences, s’est déconsidéré.

Cela ne fait-il pas doublon entre ces nouveaux pôles et les partis politiques ?

Il y a doublon déjà entre les partis politiques eux-mêmes. Ils sont récupérés d’une manière ou d’une autre. Moi je pense à une chose, quand on voit ces mouvements comme Barakat, les étudiants, les chômeurs ou d’autres syndicalistes, si on les laissait faire, se développer et s’épanouir, ceux-là sont porteurs d’avenir pour l’Algérie. Mais les autres ne sont que des trublions et d’ailleurs ceux-là vont se liguer contre ces mouvements qui sont une chance pour notre pays. On va tout faire pour les exploser et si on n’y arrive pas, le pouvoir va s’en charger lui-même. Ce que fait le pouvoir, à chaque fois, c’est les acheter, les corrompre et au bout du compte, ça devient des coquilles vides comme c’est le cas de la plupart de nos partis politiques.


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