Ali Benflis, candidat malheureux à la présidentielle du 17 avril, a animé, ce mercredi 23 avril, une conférence de presse au lendemain de l’annonce officielle par le Conseil constitutionnel de la réélection de Bouteflika. « Le Conseil constitutionnel approuve la fraude. J’avais alerté l’opinion publique et le Conseil constitutionnel des risques de fraude. En 2008 déjà, le Conseil constitutionnel a failli à ses missions en approuvant la révision constitutionnelle et l’ouverture des mandats, sans referendum ».
M. Benflis estime que « sans cette approbation, on ne serait pas là », en estimant que le Conseil constitutionnel « n’est pas neutre ». « L’institution est au service d’un seul candidat et d’un système », a-t-il assené. Sans citer de noms, il affirme que « trois membres du Conseil constitutionnel ont fait une campagne pour Bouteflika ». Il se demande comment le Conseil constitutionnel a « pu accepter et valider » le dossier médical du candidat Bouteflika, alors que les images diffusées par la télévision algérienne le prouvent : ce candidat n’est pas en mesure de diriger le pays ». « Pour toutes ces raisons, je ne reconnais pas les résultats des élections. Mes droits ont été confisqués », a-t-il réitéré.
Ali Benflis affirme être le « vainqueur sur le plan politique de ces élections » et annonce qu’il va poursuive son combat politique. « Je me mets au service du peuple », a-t-il lancé. Il promet d’éditer « un livre blanc » pour revenir sur « la fraude massive » lors des présidentielles. « Je continuerai mon combat aux côtés des autres forces politiques qui représentent les forces du changement », a-t-il ajouté.
L’ancien chef du gouvernement, qui a gardé le silence entre 2004 et début 2014, pense que « le système politique nécessite, et c’est une urgence, une refondation ». « Cela peut se faire à travers une initiative politique commune qui rassemblera toutes les forces du changement », propose-t-il.
Ali Benflis, 69 ans, a indiqué avoir « entamé les procédures pour la création d’un parti politique pour concrétiser le renouveau national ». « Ce parti sera créé très prochainement. Pour cela, je vous demande de rester mobilisés », a-t-il lancé à l’adresse de ses électeurs. Il promet de travailler avec les partis qui l’ont soutenu et les boycotteurs qui préparent une conférence pour la transition démocratique. « Je vais rencontrer le front du boycott », a-t-il annoncé.
Ali Benflis conteste la victoire de Bouteflika et le taux de participation officiel. « J’ai eu trois millions de voix et seulement six millions d’Algériens ont voté. Le 17 avril, le peuple a voté Benflis président », a-t-il dit, en affirmant qu’il ne compte pas saisir la justice sur la fraude parce qu’elle n’est pas « libre ».
Il a réitéré sa confiance à l’armée et à son chef le général Ahmed Gaïd Salah. « Je n’ai aucun appel à l’armée. Je n’ai aucune raison de douter de l’engagement de neutralité exprimé par Gaïd Salah », a-t-il dit. Mais il accuse l’armée de passivité devant l’administration. « Je dis aussi que le 17 avril, l’armée a laissé faire. Elle s’est campée dans sa position d’observateur face au dépassement de l’administration »
Ali Benflis insiste qu’il mène un combat politique et qu’il rejette la violence. « Oui, j’avais l’occasion de riposter différemment à la fraude, mais je suis une personnalité qui rejette la violence ».
Sur le projet de révision de la Constitution, Benflis pose ses conditions. « Je prendrai part aux discussions si l’ordre du jour est débattu avec la classe politique. Dans le cas contraire, je boycotterai ces discussions ».
Sur la répression des marches du 20 avril en Kabylie, Ali Benflis a estimé que « l’époque de la matraque est révolue ». « Le peuple algérien n’est plus en mesure d’accepter la répression. À Bejaïa, à Tizi Ouzou et Bouira, les citoyens avaient manifesté dans le calme. Mais le pouvoir est aveugle et recourt à la violence pour réprimer les manifestations. Le système refuse le changement ».