Ali Benflis était, ce jeudi 10 avril, à Bejaïa, la ville qui a connu, vendredi, les incidents les plus graves de cette campagne électorale, suivis mardi d’une imposante marche des étudiants contre le système et pour dénoncer les élections. Un déplacement risqué pour le concurrent du président Bouteflika d’autant que les appels à perturber tous les meetings ont été lancés durant toute la semaine à travers les réseaux sociaux.
Finalement, le déplacement de l’ancien chef du gouvernement s’est bien déroulé. Sans doute, au-delà des espérances de son staff. Dès son arrivée à l’aéroport, il a été accueilli par une centaine de personnes. À l’extérieur de la Salle bleue, qui a accueilli son meeting, il s’est même livré à un bain de foule. Aucune tension perceptible. Même le dispositif policier mis en place est discret.
À l’intérieur, une salle archicomble. Des banderoles avec des messages de soutien au candidat Benflis. « Benflis, Bejaïa vous aime », lit-on sur une pancarte. Les présents scandent « Imazighen, Imazighen ». « C’est le jour le plus beau de ma vie », dit Benflis avant de demander une minute de silence à la mémoire des martyrs du FFS tombés en 1963 et ceux du Printemps noir. Puis, il entame son discours.
Première promesse : il s’engage à faire de Tamazight une langue officielle. « Dans la nouvelle Algérie, chacun sera libre de vivre entièrement son amazighité. Il n’y a pas plus criminel que de renier sa culture et son identité », a-t-il dit. Le 29 mars, à Tizi Ouzou, il avait juste promis de régler la question de la langue amazigh, sans parler de son officialisation.
Pour Benflis, les habitants de Bejaïa sont des « géants ». Un clin d’œil à une déclaration de Bouteflika en 1999 qui avait qualifié les Kabyles de « nains ». Puis, Ali Benflis rend hommage à Hocine Ait Ahmed, chef historique du FFS.
« Je n’ai aucune ambition personnelle. Ni pour moi, ni pour ma famille », dit-il. Critiquant indirectement Abdelmalek Sellal et sa blague sur les Chaouis, il ajoute : « La gestion des affaires de l’État ne se fait pas par la plaisanterie et les insultes. Une fois président, je vais disqualifier ces gens ».
Pour Ali Benflis, « le pays est en panne. C’est la faillite partout ! ». Avant d’appeler à ne pas céder à la peur et au chantage, il déclare : « À Bejaïa, ils ne pourront pas violer la volonté et la conscience du peuple. Bejaïa est la citadelle de la démocratie ».