Au lendemain des violents évènements de Bejaïa, on pouvait s’attendre au pire. Sur les réseaux sociaux, des appels sont lancés pour faire vivre à Abdelmalek Sellal un nouveau cauchemar. Finalement, le directeur de campagne de Bouteflika a été reçu dans une ambiance de fête, ce dimanche 6 avril, à la grande salle de la Maison de la culture de Tizi Ouzou.
Avant l’apparition de l’ancien Premier ministre, la salle était déjà archicomble. Parmi les présents, des enfants de Chahid, des Moudjahidine, des familles de victimes du terrorisme et des représentants de diverses associations. C’est debout qu’ils saluent et accueillent Abdelmalek Sellal. Les femmes lancent des youyous. L’ancien Premier ministre reçoit un burnous blanc en cadeau. Le directeur de campagne de Bouteflika à Tizi Ouzou, Ould Ali El-Hadi prend la parole. Il prononce des mots de bienvenue avant de céder la parole à Abdelmalek Sellal.
Abdelmalek Sellal est détendu, souriant. Il entame son discours sous les applaudissements d’une salle entièrement acquise qui scande : « Assa azeka Bouteflika yella yella » (aujourd’hui et demain Bouteflika sera là). « Azzul amokrane » (Un grand bonjour), lance Sellal dans un kabyle approximatif. Il remercie les Kabyles pour leur accueil. « Merci pour cet accueil et cette présence. Je suis très content d’être parmi vous aujourd’hui à Tizi Ouzou. Je me sens à l’aise quand je viens ici. Merci pour cet accueil d’hommes. Quand je dis hommes, je veux dire hommes et femmes. Les uns ont des moustaches et les autres ont de beaux cheveux », lance-t-il. « Je porte un message d’amitié et de fraternité de la part du président candidat, Abdelaziz Bouteflika, qui a insisté hier pour me dire de saluer très fort les gens de Tizi Ouzou », ajoute-t-il.
Sellal rappelle la visite de Bouteflika à Tizi Ouzou en 2009 et sa déclaration : « Maintenant, je peux mourir en paix ! ». « Aujourd’hui, on lui demande de vivre encore avec nous, avec la grâce de Dieu pour qu’il conduise le pays vers la place où il doit arriver et on est capable d’y arriver », dit Sellal.
L’ex-Premier ministre rend hommage à des personnalités locales : Abane Remdane, Fatma N’soumer, Krim Belkacem, Mouloud Mammeri et Matoub Lounes. Avant de se lancer dans un discours flatteur : « Tizi Ouzou a besoin de l’Algérie et l’Algérie a besoin de Tizi Ouzou. On dit que Tizi Ouzou est rebelle et moi je leur dit elle est belle et rebelle ».
Il rappelle que c’est grâce à Bouteflika que Tamazight est devenu une composante importante du pays. « Tamazight était un grand problème. Combien de personnes sont décédées. Combien de fois je leur ai dit on est tous Amazighs. Je le dis et je le redis, je suis Chaoui, Kabyle, Tergui (…) Ce sont tous des Amazighs et Amazigh veut dire homme libre. Tamazight est l’une des fortes composantes du pays. Il maque des choses, il faut que le conseil à l’amazighité bouge un peu pour développer la langue amazigh pour qu’elle joue son rôle civilisationnel à l’intérieur et l’extérieur de l’Algérie ».
Sellal revient, ensuite, brièvement sur les incidents de la veille à Bejaïa. « Je salue les citoyens de la wilaya de Bejaia en force parce que ce sont des hommes. Ils ont une civilisation et ils ont un avenir dans ce pays et personne ne nous fera peur. Soyez tranquilles », lance-t-il.
L’ex-Premier ministre promet que le flambeau sera transmis aux jeunes pour gérer le pays. « Ils doivent gérer le pays parce qu’ils ont fait des études. Il faut faire confiance à la nouvelle génération et la nouvelle génération doit s’assumer et doit gérer le pays », affirme-t-il.
Dehors, à quelques dizaines de mètres de la Maison de la culture, quelques centaines de personnes, essentiellement des jeunes, se sont rassemblées en scandant des slogans hostiles au pouvoir et au 4e mandat de Bouteflika. La police, qui encadre efficacement le rassemblement, procède à plusieurs arrestations. Abdelamalek Sellal termine son meeting. Les manifestants se dispersent dans le calme. L’ancien Premier ministre vient de passer un test décisif pour la campagne de Bouteflika. Et pour son avenir politique.