Le bloc-notes de Ghani Gedoui

Bouteflika, l’appel du cœur

Sans les centaines de milliers d’appels parfois pathétiques d’Algériens éplorés, peut-être que le Président serait parti se reposer de ses lourdes charges. Homme de devoir, homme de cœur, homme de parole, il a écouté les voix sincères qui montaient de cette Algérie profonde qui n’est polluée ni par la gauche caviar, ni par « l’algeroinisme », une maladie jumelle du parisianisme qui consiste à regarder de haut tout ce qui n’appartient pas à la capitale.

La capitale ? Elle n’a rien de capital. Quelques zozos qui s’agitent et font du bruit pour s’amuser en draguant. Ou le contraire. Ils s’ennuient, alors ils bougent. Belle façon de meubler le vide de leur vie. Bien entendu, je ne parle pas du mouvement « Barakat ! ». Il n’existe pas. Enfin pas vraiment. Une centaine à tout casser. Ils étaient 20 devant la télé. Plus moi, juste en face. C’est sympa. Et c’est festif. Applaudissements pour cette goutte de fantaisie dans un monde de brutes. Je vous salue bien bas les gars.

Mais trêve de digressions. Revenons à Bouteflika puisqu’il est le sujet principal. Dans son message, le Président sortant parle de sacrifice. Vous pensez que c’est une partie de plaisir que d’être président ? C’est une longue souffrance qui vous vieillit avant l’heure, vous ronge de l’intérieur. Vous use jusqu’à la moelle.  Déjà, on a du mal à se diriger, imaginez le sacrifice de diriger un peuple aussi rebelle que les Algériens. Il s’agit pour le Président-candidat de parachever l’œuvre entamée en 1999. Et de ne pas se défiler. Oh, tout n’est pas parfait, mais ce qui a été fait en 15 ans n’a pas été réalisé en 37 ! Là, personne ne peut le nier. Et si on le nie, c’est que la haine nous aveugle, pas vrai ? Vrai, personne ne nie ? Merci d’être d’accord avec moi.

Ce qui se dégage du message présidentiel, et j’ai un pincement au cœur, je ne vous le cache pas, c’est le ton humble, modeste mais aussi déterminé d’un homme, d’un guide, qui veut notre bien malgré nous, qui avons une tendance suicidaire a l’autodestruction. Grandes gueules, nous critiquons tout, pour le plaisir de dénigrer, car la réussite, le mérite ne font pas partie de nos valeurs. C’est la rapine et le gain facile qui sont devenus la règle. Et ce n’est point la faute de Bouteflika, mais des dix années de sang que nous avons subies qui ont achevé la terrible dévalorisation du travail entamée par l’autogestion de Boumediene.

Algériens, Facebooker aveugles, remerciez Dieu pour cette chance inestimable de nous avoir offert Bouteflika. On attendra 100 ans pour voir un autre de son calibre. Je sais que ceux qui ne l’aiment pas, et je les plains, ces personnes sèches et stériles comme les palmiers algérois, vont rigoler, mais l’histoire jugera. César aussi, à son époque, était insulté par les sénateurs. Il a d’ailleurs été assassiné par ces mêmes sénateurs au nom de la démocratie. Et c’est la décadence qu’ils ont eue. La fin de l’Empire romain n’était plus loin. Je suis de ceux qui pensent que l’histoire sera clémente pour Bouteflika le bâtisseur. En route pour un quatrième mandat.

Hamrouche et la non-assistance à un pays en danger

Il s’est longtemps tu. Voilà qu’il se lâche. En moins d’un moins, il parle deux fois. Avec toujours cet air de politique bien informé. Vous allez me dire que l’idole des démocrates est justement très bien informée. Très bien informé en lapalissades. Voyez : quand il dit que l’armée n’a pas choisi son candidat, on n’a pas besoin d’être dans le secret des dieux pour le savoir. C’est une armée républicaine qui se tient de loin de la politique sauf quand les conditions l’exigent : en 1978 à la mort de Boumediene ainsi que son implication dans les années de sang en ramenant au pouvoir Zeroual et en préparant le terrain pour Bouteflika.

Mais, depuis l’avènement de celui-ci qui avait d’ailleurs déclaré qu’il ne sera jamais un 3/4 de président, l’armée s’est tenue à carreau. C’est ainsi qu’il a envoyé à la retraite tous les généraux qui avaient un goût assez prononcé pour la chose politique tel que le défunt Mohamed Lamari. En fait, ce que je retiens de l’interview de Hamrouche, c’est son ton alarmiste. L’Algérie au bord de l’implosion, rien ne va plus, faites vos jeux. Tout fout le camp ? Il y a encore une chance, nous dit l’oracle. Et cette chance, c’est lui qui l’incarne avec ses conseils. C’est bien qu’il propose ses services. Ça aurait été mieux qu’il se jette dans l’arène quand l’armée lui avait fait appel au lieu de poser des conditions alors que l’Algérie affrontait un gros péril. Il ose dire qu’il avait posé des conditions ! Est-il conscient de ce qu’il dit au moins ? Est-il conscient que sa position est un délit : non-assistance à pays en danger. On imagine où nous serions aujourd’hui si le HCE avait posé ses conditions, on imagine ce qu’aurait été l’Algérie si Zeroual et Bouteflika avaient aussi posé les mêmes conditions. Je vous le dis : Hamrouche a fait voler en mille morceaux sa statue. Il en reste quelques débris que ramasseront les ex-réformateurs pour en faire des reliques.

Pauvre Sarko !

J’ai lu le livre de Rondeau que cite TSA dans son édition de lundi. Et j’ai bien rigolé en le lisant. Rondeau qui se prend pour Sait-Simon à la Cour de Louis XIV, a tout vu, tout entendu. Par quel miracle ? On ne sait pas. Ecrivain moyen, petit ambassadeur dans un petit poste, pourtant à l’entendre, sa compagnie est aussi recherchée que celle de Hugo par les princesses du second empire. Mais n’est pas le Hugo des Choses vues qui veut.

Dans Rondeau, il y a la ronde. Et Rondeau dans son livre « 20 ans et plus » tourne autour de lui. Roi Soleil dans une France crépusculaire, celle de Sarkozy qu’on informe que Bouteflika n’a plus qu’un semblant de pouvoir. Pas même des miettes. Cette info a été directement puisée par les services français de l’ambassade auprès de quelques démocrates, ex-ministres et j’en passe, tous bien informés évidemment. Ce n’est, à coup sûr, pas le fait de l’ex-grand ambassadeur, Xavier Driencourt, que je ne connais pas, mais que des amis m’ont dépeint comme un homme avisé et prudent.  Ce n’est pas lui qui prendra pour argent comptant la bave de quelques baveux.

Ceci nous amène à dire que les infos que rapporte Rondeau sont aussi peu crédibles que l’était la présidence du pauvre Sarkozy qui croule aujourd’hui sous les affaires. Bouteflika sous la coupe des militaires – et quels militaires, je vous le demande – c’est ne rien connaître à la psychologie de l’homme et ne rien connaître aux généraux.


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