Dans la petite salle de cinéma du 1er novembre 1954, au premier jour de la campagne électorale, quelques centaines de personnes sont présentes au premier meeting des partisans du président Bouteflika animé par Amara Benyounes et Amar Ghoul. « Des gens sortent dans la rue pour nous menacer et pour nous faire peur. Nous sommes venus pour vous dire qu’il faut voter », annonce Amara Benyounes à l’assistance.
Alors que le chef du MPA poursuivait son intervention, un groupe tente de le chahuter. Impassible, Amara Benyounes réplique : « Ces gens qui tentent de perturber nos meetings, qu’ils veuillent ou non, le peuple va voter. Barakat (ça suffit) des menaces, barakat des intimidations ». Des organisateurs essaient de remédier à la situation en galvanisant le public qui répond en scandant : « Bouteflika, Bouteflika ! ». Le groupe d’opposants devient inaudible.
Le secrétaire général du MPA s’en prend par la suite à la Coordination nationale des partis politiques et des personnalités nationales pour le boycott de l’élection présidentielle du 17 avril. « Nous avons vu avec qui ils se sont réunis à la salle Harcha. On dit : le retour aux années 1990 est impossible ! », dit-il avant d’ajouter : « Vous avez vécu la guerre de Libération, vous n’avez pas eu peur des colons, vous n’avez pas eu peur du terrorisme, vous n’aurez pas peur d’une minorité ! ».
Amar Ghoul prend ensuite la parole pour rappeler les bienfaits de la Réconciliation nationale. « Hier, on était dans la terreur et la destruction et aujourd’hui, nous sommes dans la sérénité. Il faut remercier Dieu jour et nuit pour ce père moudjahid », lance le chef de TAJ en haussant le ton contre les perturbateurs. Avant de terminer son intervention, Ghoul lance quelques promesses : « Nous avons programmé l’autoroute Bouira-Souk El Ghozlane et nous avons programmé une voie ferrée. Tahya El Djazaïr ».
Le meeting a finalement duré à peine une demi-heure. A l’extérieur de la salle, quelques jeunes abordent les membres de la délégation venue d’Alger de manière ironique en lançant notamment « vive Benflis ! ». Amara Benyounes et Amar Ghoul devront animer, dans l’après-midi, un autre meeting au centre-ville de Bouira.
